Antirétroviraux actuels et IMC : une étude prospective du consortium RESPOND
L'International Cohort Consortium of Infectious Diseases (RESPOND) est une étude prospective multicohorte, incluant des données de 17 cohortes bien connues et plus de 29 000 personnes vivant avec le VIH. Les personnes séropositives faisant l'objet d'un suivi prospectif depuis le 1er janvier 2012 et âgées de plus de 18 ans pouvaient être incluses. Chaque cohorte a fourni un nombre minimum prédéfini de participants, lié à la taille de la cohorte spécifique (avec un minimum de 1 000 participants). Les participants devaient avoir eu une numération des cellules CD4 et une mesure de la charge virale du VIH dans les 12 mois précédant ou dans les 3 mois suivant l'inclusion. Pour tous les médicaments antirétroviraux (ARV) reçus à l'inclusion dans RESPOND ou après, les variations par rapport aux niveaux d'IMC pré-ARV (inclusion) ont été prises en compte à chaque mesure de l'IMC au cours de la prise du traitement ARV. Un modèle de régression logistique é été utilisé pour identifier les ARV associés à la première survenue d'une augmentation de plus de 7 % de l'IMC par rapport à l'IMC pré-ARV. Les analyses ont été ajustées en fonction de la durée du traitement ARV, de l'IMC pré-ARV des données démographiques, de la région géographique, du taux de cellules CD4, de la charge virale, du tabagisme et de l’existence d’une affection classant SIDA à l’inclusion. Au total, 14 703 personnes ont été incluses dans cette étude, dont 7 863 (53,5 %) ont présenté une augmentation de plus de 7 % de leur IMC (figure).

Par rapport à la lamivudine, l'utilisation du dolutégravir (OR = 1,27 ; IC95 : 1,17-1,38), du raltégravir (OR 1,37 ; IC95 : 1,20-1,56) et du ténofovir alafénamide (OR = 1,38 ; IC95 : 1,22-1,35) était significativement associée à une augmentation de plus de 7 % de l'IMC, de même qu'un IMC faible avant le traitement antirétroviral (OR = 2,10 ; IC95 : 1,91-2,31 pour un poids insuffisant par rapport à un poids normal) et l'origine ethnique afro-américaine (OR = 1,61 ; IC95 : 1,47-1,76 par rapport à une origine caucasienne). Un taux de CD4 plus élevé était associé à un risque réduit d'augmentation de l'IMC (OR = 0,97 ; IC95 : 0,96-0,98 pour 100 cellules par μL d'augmentation). Par rapport à la lamivudine, le dolutégravir sans ténofovir alafénamide (OR = 1,21 ; IC95 : 1,19-1,32) et le ténofovir alafénamide sans dolutégravir (OR = 1,33 ; IC95 : 1,15-1,53) sont restés indépendamment associés à une augmentation de plus de 7 % de l'IMC ; les associations étaient plus élevées lorsque le dolutégravir et le ténofovir alafénamide étaient utilisés de façon concomitante (OR = 1,79 ; IC95 : 1,52-2,11, et OR = 1,70 ; IC95 : 1,44-2,01, respectivement).
Cette étude multicohorte confirme donc l’association entre la prise de poids et l'utilisation du dolutégravir, du ténofovir alafénamide et du raltégravir, avec ses conséquences potentielles telles que la résistance à l'insuline, la dyslipidémie et l'hypertension.







