Avant avril 2022, l'infection humaine par le virus de la variole du singe (Monkeypox virus) était rarement signalée en dehors des régions africaines où elle est endémique avec des épidémies circonscrites et aux États-Unis en 2003. Actuellement, des cas sont signalés dans le monde entier avec plus de 58 000 cas dans près de 100 pays. La transmission, les facteurs de risque, la présentation clinique et les résultats de l'infection sont mal définis mais les manifestations de la maladie ont changé. Cette étude, parue dans le New England Journal of Medicine en juillet 2022, est issue d’un groupe international de cliniciens (SHARE) avec plusieurs contributions d’Île-de-France, qui ont collecté une série de cas internationaux pour décrire la présentation, l'évolution clinique et les résultats des infections au virus de la variole du singe confirmées en PCR. 528 infections ont été diagnostiquées entre le 27 avril et le 24 juin 2022, dans 43 sites de 16 pays. Dans l'ensemble, 98 % des personnes infectées étaient des hommes homosexuels ou bisexuels, 75 % étaient de race caucasienne et 41 % étaient infectées par le virus de l'immunodéficience humaine ; l'âge médian était de 38 ans. On soupçonne que la transmission s'est faite par voie sexuelle chez 95 % des personnes infectées. Dans cette série de cas, 95 % des personnes présentaient une éruption cutanée (dont 64 % avaient ≤ 10 lésions), 73 % avaient des lésions anogénitales et 41 % des lésions muqueuses (dont 54 avaient 1 seule lésion génitale, rendant le diagnostic parfois complexe )(figure). 

Les caractéristiques systémiques communes précédant l'éruption cutanée comprenaient la fièvre (62 %), la léthargie (41 %), la myalgie (31 %) et les céphalées (27 %) ; la lymphadénopathie était également fréquente (rapportée chez 56 % des patients). Des infections sexuellement transmissibles concomitantes ont été signalées chez 109 des 377 personnes (29 %) qui ont été testées. Parmi les 23 personnes ayant des antécédents clairs d'exposition, la période d'incubation médiane était de 7 jours (de 3 à 20). L'ADN du virus de la variole du singe a été détecté chez 29 des 32 personnes dont le liquide séminal a été analysé. Un traitement antiviral a été administré à 5 % de l'ensemble des personnes, avec les difficultés d’accès au técovirimat que l’on sait, et 70 (13 %) ont été hospitalisées ; les raisons de l'hospitalisation étaient les suivantes : gestion de la douleur, principalement pour des douleurs anorectales sévères (21 personnes) ; surinfection des tissus mous (18) ; pharyngite limitant la prise orale (5) ; lésions oculaires (2) ; lésions rénales aiguës (2) ; myocardite (2) ; et objectifs de contrôle de l'infection (13). Aucun décès n'a été signalé. Au total, dans cette série de cas, la variole du singe s'est manifestée par une grande variété de signes cliniques dermatologiques et systémiques. L'identification simultanée de cas, en dehors des zones où la variole du singe est traditionnellement endémique, souligne la nécessité d'une identification et d'un diagnostic rapides des cas afin de contenir la propagation communautaire.