Étude ACTG A5288 : échecs virologiques en 2e ligne de traitement dans les pays à ressources limitées
Relativement peu de données sont disponibles sur la prévalence de la résistance aux antirétroviraux en 2e ligne de traitement dans les pays à ressources limitées. Cette analyse est issue des données de l’étude de 3e ligne de traitement ACTG 5288 dans laquelle un génotype a été systématiquement réalisé à l’inclusion. Dix pays étaient concernés : Brésil, Haïti, Inde, Kenya, Malawi, Pérou, Afrique du Sud, Thaïlande, Ouganda et Zimbabwe sur la période janvier 2013-septembre 2015. Les résultats portent sur 653 patients (âge médian de 41 ans, 53 % d’hommes, CV médiane à l’inclusion de 4,5 log10 copies/mL et nadir médian de CD4 à 64 cellules/mm3) dont la plupart (78 % : 538/653) présentaient une résistance à au moins une molécule. Seulement 6 % des patients avaient été prétraités par du RAL. Au moment de l’inclusion, le TDF (67 %) et le 3TC (90 %) étaient les INTI les plus couramment utilisés associés soit au LPV/r (55 %) ou à l’ATV/r (44 %). Le sous-type le plus fréquent était le sous-type C (48 %). Une résistance à au moins une molécule d’une classe d’ARV a été retrouvée chez 20 % (n = 133) des patients, à au moins une molécule de 2 classes chez 32 % (n = 206) et à au moins une molécule des 3 classes couramment utilisées (INTI, INNTI et IP) chez 26 % (n = 169). La mutation associée à une résistance aux INTI les plus fréquente était la M184V/I (57 %), suivie par les TAM aux codons 215 (26 %), 67 (22 %), 41 (20 %), 70 (18 %), 219 (18 %) et – très rarement – au codon K65R (3 %). Les mutations associées à une résistance aux INNTI étaient les K103 (34 %), G190 (19 %) et Y181 (15 %). Enfin, pour les IP, les plus fréquentes étaient les M46 (21 %), A71 (21 %), V82 (21 %) et I54 (20 %). La résistance aux IP était plus fréquente chez ceux n’ayant reçu que de l’ATV/r (46 %) comparé au LPV/r seul (30 %) ou à ceux ayant reçu les deux (34 % ; p = 0,002). Pour autant, la sensibilité à au moins une 2e ligne de traitement était préservée chez 59 % des patients (78 % pour l’étravirine - ETR et 97 % pour le DRV/r) avec des différence sensibles selon le sexe (figure). Cette sensibilité est en effet significativement plus importante chez les femmes (p < 0,001), les sujets les plus jeunes (p = 0,023), ceux avec un nadir de CD4 élevé (p = 0,004) et pour les patients ayant été prétraités par LPV/r. Elle était en revanche significativement diminuée pour ceux ayant reçu de la NVP.