Mutations R263K et E157Q : quel impact sur la résistance aux inhibiteurs de l'intégrase ?
Le niveau de barrière génétique à la résistance aux inhibiteurs de l'intégrase (INI) varie selon les molécules considérées : le raltégravir (RAL) − disponible depuis désormais plus de 10 ans −, l'elvitégravir (EVG) − qui a été le premier INI de deuxième génération −, et le dolutégravir (DTG), qui est le plus récent.
Cette étude de l'équipe virologie de l'hôpital Bichat (Paris) s'est intéressée à l'impact de 2 mutations particulières associées à une résistance aux INI (R263K et E157Q).
La mutation R263K est la première mutation à avoir été retrouvée, rarement, au moment de l'échec chez des patients en première ligne de traitement par DTG. Des études réalisées in vitro par l'équipe de Mark Wainberg sur des mutants R263K ont montré une augmentation modérée du niveau de résistance phénotypique et une diminution importante de la capacité réplicative du virus, sans mise en évidence de mutations compensatoires. La prévalence de cette mutation demeure très rare chez les patients naïfs d'antirétroviraux, de l'ordre de 0,9 % (n = 2/233 patients) dans la cohorte épidémiologique française. La mutation E157Q est polymorphique, retrouvée chez 2,4 % (ARCAN Italian Database) à 5,0 % (cohorte française d'étude de la transmission de la résistance) des souches isolées chez des patients naïfs d'antirétroviraux et dépend du sous-type viral. Une étude récente (ANRS AC 11) réalisée sur 8 528 séquences isolées chez des patients naïfs d'antirétroviraux retrouve une prévalence globale de 2,7 % pour le polymorphisme E157Q (1,7 % dans les sous-types B, 5,6 % dans les sous-types CRF_02AG et 2,2 % dans les autres sous-types non B). Une résistance acquise au moment de l'échec a été rapportée dans 2 cas d'échec à un traitement comportant du RAL. Les résultats de l'étude ANRS AC11 (39 patients naïfs d'INI et porteurs d'un virus muté en E157Q) ont montré que le DTG est le traitement le plus approprié en cas de polymorphisme E157Q. L'EVG n'est pas indiqué en raison de son niveau de résistance potentiellement faible (particulièrement en cas de recombinant CRF02_AG) de même que le RAL.
Cette étude montre que des progrès restent à faire dans la compréhension des mécanismes impliqués dans la résistance aux INI et met l'accent sur l'importance des données du génotype en termes d'évolution virale.








