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Virtuel
Quelques semaines à peine après le congrès (virtuel) de l’ATS, voici l’heure de celui de l’ERS, virtuel lui aussi.
Virtuel : le mot est intéressant tant il peut recouvrir de définitions, le Petit Larousse en témoigne. On ne pourra pas dire du congrès qu’il est “fictif” (une des définitions possibles), les communications étant bel et bien réelles… On ne pourra pas dire non plus qu’il n’a pas d’existence matérielle (l’énergie passée en amont du congrès pour son organisation, le contenu des présentations et la présence même lointaine des orateurs en témoignent). Mais peut-on pour autant parler de “simulation d’un environnement réel par des images”, définition qui paraît sans doute la plus appropriée ? Pour jouer, on peut aussi essayer de se perdre avec Leibniz et dire que si un sujet (en l’occurrence, le congrès de l’ERS) figure virtuellement, c’est-à-dire par l’intermédiaire de sa définition qui le remplace, il suffit de le substituer à sa définition et il figurera explicitement (sic).
Virtuel ou pas, nous ne voyagerons pas, nous ne nous rencontrerons pas, et nous serons pour la plupart accaparés par nos services. Beaucoup d’entre nous sentiront le manque dû au fait de ne pas pouvoir échanger (sur un cas clinique, un projet, ou tout simplement sur nos vies). Le voyage, la rencontre et l’échange sont un des atouts des congrès – surtout celui de l’ERS. Mais faut-il réellement voyager pour enrichir sa pensée ? Si on convoque de nouveau les philosophes, on peut dire avec certitude que Tocqueville n’aurait pas écrit De la démocratie en Amérique s’il ne s’y était pas rendu pour un voyage d’étude. À cela, on peut objecter que Kant a produit La critique de la raison pure sans s’éloigner de plus de quelques pas de sa maison sise dans une ville proche de la mer Baltique…
À nous, donc, de tirer le meilleur d’un congrès où on ne sera pas même si on en est, en continuant de faire vivre les liens que l’ERS contribue à tisser.