Envoyer à un confrère
Merci de saisir l’e-mail de votre confrère :
Mieux vaut prévenir que guérir, rien ne sert de courir, il faut partir à temps et les petits ruisseaux font les grands fleuves
On pourrait résumer un ensemble de présentations sur la prévention cardiovasculaire par ces 3 proverbes populaires. Ils traduisent combien des interventions sur les facteurs de risque cardiovasculaire, d’apparence aussi modeste mais débutant dès l’enfance, vont avoir un impact majeur dès l’âge de 50 ans ou moins. Les patients victimes d’un infarctus “prématuré”, avant l’âge de 50 ans, pensent plus souvent être victimes de leur hérédité que de leurs facteurs de risque. Dans une étude de génétique menée sur plus de 1 000 patients, il a été montré que les 32 variants génétiques classiquement associés aux maladies cardiovasculaires avaient certainement un poids dans le risque d’événement prématuré, mais finalement moins que le cumul d’une sédentarité, du tabagisme, d’une hypertension ou d’une hypercholestérolémie.
Si ces facteurs sont modifiables, la question se pose de savoir quand et comment on peut les modifier. Il s’avère, au vu des communications de l’ESC, que c’est entre 3 et 20 ans qu’il faudrait agir. Le surpoids, s’il existe avant l’âge de 19 ans, va entraîner un surrisque d’événement cardiovasculaire considérable à 50 ans : par rapport à un IMC entre 18 et 20, le risque pour un IMC à 27 est multiplié par 2,6, par 3 pour un IMC à 30 et par 30 en cas d’obésité morbide. Et le surpoids n’est pas le seul élément à surveiller chez nos adolescents. Le suivi d’une cohorte de 40 000 enfants jusqu’à un âge moyen de 50 ans confirme qu’un surpoids de 10 % à l’adolescence augmente le risque d’événement cardiovasculaire de 20 %, mais montre aussi qu’une augmentation de 10 % de la pression artérielle accroît ce même risque de 40 %, de 16 % pour une augmentation de 10 % du cholestérol et surtout de 77 % en cas de tabagisme.
Parmi les moyens pour lutter contre l’apparition de facteurs de risque dans l’enfance, une étude péruvienne a montré que la substitution du sel de sodium par un sel de potassium est efficace sur les chiffres de pression artérielle. La sensibilisation des élèves peut aussi se faire à l’école par les professeurs grâce à un programme centré sur l’alimentation et l’activité physique. Une étude randomisée a mis en évidence qu’après un tel programme, les écoliers modifient leur comportement alimentaire et sont moins sédentaires et… c’est aussi le cas des enseignants.
Mises bout à bout, ces études apportent des preuves supplémentaires sur l’importance de l’éducation des enfants et adolescents. Des mesures simples, apparemment d’efficacité limitée mais appliquées dès l’adolescence et poursuivies sur le long terme, font aussi bien qu’une génétique favorable, et bien mieux que tout ce qui peut être proposé quand la maladie est là.