Édition virtuelle, 5-8 octobre 2020
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Avantages et inconvénients des ARV injectables : le point de vue des médecins et des patients
La commercialisation des formes injectables long acting de cabotégravir et de rilpivirine est très attendue. Toutefois, de nombreuses questions demeurent sur leur implantation dans le “paysage ARV” actuel et sur leur appropriation par les patients vivant avec le VIH (PvVIH) et par les médecins. La perception de cette nouvelle stratégie a été évaluée par des questionnaires dispensés en ligne auprès de 120 médecins spécialistes du VIH et de 688 PvVIH suivis en Europe. 68 % des PvVIH interrogés souhaitaient essayer les ARV injectables, ce qui était plus fréquent avant 50 ans qu’après (70 versus 56 % ; p = 0,001). Les PvVIH qui rencontraient des problèmes avec leur traitement ARV en cours pensaient assez volontiers que les ARV injectables pourraient améliorer la situation, notamment en cas de problèmes gastro-intestinaux (90 %), de difficultés d’observance (81 %), de désir de confidentialité dans la sphère privée (88 %) ou de perception péjorative d’un besoin de prise quotidienne des médicaments (79 %). Les médecins envisageaient pouvoir facilement proposer les ARV injectables à leurs patients en cas de problèmes digestifs et/ou de malabsorption (92 %), de troubles neuropsychiques ou psychiatriques gênant les prises orales (88 %), de mauvaise observance (84 %), de prises cachées des médicaments (87 %) ou pour un plus grand “confort” (84 %). Le bénéfice le plus attendu par les PvVIH était de pouvoir voyager sans se soucier d’emporter leur traitement, et par les médecins de voir plus souvent leurs patients (figures 1 et 2). L’inconvénient le plus rapporté par les PvVIH était de prévoir une visite médicale tous les 2 mois pour les injections, et par les médecins les contraintes de temps liées aux injections tous les 2 mois (figures 1 et 2). Enfin, les médecins estimaient proposer à environ 26 % de leurs patients les ARV injectables une fois commercialisés, cette proportion étant plus haute parmi les médecins hommes, travaillant dans de grandes villes et voyant peu de patients en comparaison aux autres. En conclusion, les données de cette enquête montrent bien les attentes et les réticences liées au traitement injectable long acting cabotégravir/rilpivirine. Il est probable qu’il réponde à des besoins non couverts par les stratégies actuelles, et seul son usage dans la pratique clinique quotidienne permettra d’optimiser ses indications.