Édition virtuelle, 5-8 octobre 2020
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Modification de la composition corporelle et du tissu adipeux sous anti-intégrases
La prise de poids sous INI est une préoccupation forte actuellement. Néanmoins, l’effet physiopathologique des INI sur le tissu adipeux reste mal connu, ainsi que leur effet sur la répartition de la graisse dans l’organisme.
Le travail présenté ici (voir zoom du jour) avait pour but d’étudier la quantité et la densité du tissu adipeux chez des patients VIH+ virologiquement contrôlés ayant présenté une prise de poids ≥ 5 % au cours de leur suivi (cohorte italienne, entre 2007 et 2019). Cette analyse du tissu adipeux était comparative, entre des patients naïfs d’INI et des patients sous INI (raltégravir : 62 %, dolutégravir : 32 % et elvitégravir/cobicistat : 6 %). La composition corporelle était évaluée à l’inclusion, puis au cours du suivi (la première évaluation était réalisée avant le switch comportant un INI pour les patients sans INI). Elle comportait un DEXA scan (masse corporelle totale, masse maigre, masse grasse) et une tomodensitométrie (quantité et densité de la graisse viscérale, sous-cutanée, épicardique, densité hépatosplénique, densité du muscle psoas). 418 patients ont été inclus (n = 207 dans le groupe sans INI et n = 211 dans le groupe INI), avec 71 % d’hommes, un âge médian de 50 ans et un délai depuis le diagnostic VIH de 17 ans. Les différents paramètres analysés pour la composition corporelle étaient similaires dans les 2 groupes à l’inclusion. La durée médiane du suivi était d’environ 4 ans. Au cours de ce suivi, la prise de poids n’était pas significativement plus importante dans le groupe INI (2,4 versus 1,6 kg ; p = 0,30), de même pour la proportion de patients ayant présenté un gain de poids ≥ 5 % (27 versus 25 % ; p = 0,66). Les analyses ont donc été poursuivies chez 109 patients ayant présenté un gain de poids ≥ 5 %, 51 dans le groupe “naïfs d’INI” et 57 dans le groupe “sous INI”. Parmi ces patients, l’augmentation de l’IMC était plus importante sous INI (+2,5 versus +1,9 Kg/m2 ; p = 0,006), ainsi probablement que la quantité de graisse sous-cutanée, avec une significativité statistique limite (+45,5 cm3 versus +61,3 cm3 ; p = 0,06). Dans les 2 groupes, il était observé une réduction de la densité du tissu adipeux sous-cutané, viscéral et épicardique, plus marquée pour la graisse viscérale chez les patients sous INI (-5,8 versus -2 HU ; p < 0,001). Cette réduction de densité du tissu adipeux pourrait suggérer, d’après les auteurs de la communication, une amélioration de la qualité du tissu adipeux (morphologie et fonctionnalité des adipocytes), ce qui va plutôt à l’encontre des résultats attendus, et à l’encontre également d’autres études physiopathologiques basées sur des biopsies de tissu adipeux. Ces biopsies, à l’avenir, en fonction des contextes cliniques, devraient permettre d’apporter des réponses complémentaires sur la modification du tissu adipeux sous INI.