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Méta analyse à long terme de l’utilisation du trastuzumab en adjuvant des cancers du sein localisés HER2 amplifié
Il est présenté dans cet article [1] les résultats d’une méta-analyse sur données individuelles de 7 essais randomisés entre chimiothérapie seule versus chimiothérapie plus trastuzumab pour des cancers du sein localisés opérables HER2 amplifié. L’objectif était de déterminer les bénéfices et les risques du traitement adjuvant par trastuzumab sur le long terme, notamment basé sur le risque de récidive et sur le taux de décès spécifique.
Les essais incluant d’autres thérapies anti-HER2, notamment de type ITK, n’étaient pas éligibles à cette méta-analyse. La détermination du statut HER2 était réalisée pour la majorité des études en local sans confirmation centralisée. Les critères d’inclusion de la plupart des essais intégrés un facteur de gravité soit N+, soit définis comme haut risque si N– (grade 3, taille tumorale…). La plupart des essais inclus proposaient une chimiothérapie séquentielle par anthracyclines et taxanes avec 12 mois de trastuzumab.
Entre février 2000 et décembre 2005, 13 864 patientes ont été inclues. Le suivi médian était de 10,7 années. 26,6 % (n = 3685) de l’ensemble des patients ont présenté une récidive et 19,7 % (n = 2738) sont décédés avec une majorité de décès imputables au cancer du sein puisque seulement 12,7 % (n = 327) des décès n’étaient pas liés au cancer du sein.
L’analyse retrouve un bénéfice hautement significatif en termes de réduction du risque de récidive avec un risque relatif de 0,66 (IC95 : 0,62-0,71 ; p < 0,0001), réduction de la mortalité spécifique avec un risque relatif de 0,67 (p < 0,0001) à l’adjonction de trastuzumab à la chimiothérapie. La réduction absolue du risque de récidive à 10 ans était de 9 % et de 6,4 % pour la réduction de la mortalité spécifique. Le bénéfice était plus important dans les 2 premières années post-traitement mais avec un maintien du bénéfice jusqu’à la 9e année post-randomisation, même si sa magnitude faiblit dans le temps.
Le trastuzumab permettait une réduction du risque de récidive à distance, du risque de récidive locale mais ne permettait pas de réduction d’incidence de cancer du sein controlatéral. Par ailleurs, l’utilisation du trastuzumab ne permettait pas de réduire les récidives au niveau cérébral au contraire des autres sites métastatiques.
En sous-groupe, la proportion de réduction du risque de récidive était identique pour les tumeurs récepteurs estrogènes positives ou négatives. La réduction du risque de rechute à 5 ans était retrouvé quel que soit le statut ganglionnaire, avec néanmoins une magnitude de bénéfice corrélés à l’augmentation du risque (nombre de ganglions envahis, N = 0, N = 1 à 3, N ≥ 4). Pour les patientes pour lesquelles une FISH était disponible (2+ en IHC), un résultat de ratio HER2/centromère chr. 17 < 2 n’était pas associé à un bénéfice à l’adjonction du trastuzumab.
Enfin, les données de toxicité cardiaque n’étaient pas disponibles pour la majorité des essais mais les données disponibles retrouvaient très rarement des toxicités cardiaques sévères corroborant nos pratiques cliniques.
Ce que cet article apporte à ma pratique
- Cette méta-analyse avec un suivi médian de plus de 10 ans permet de confirmer le bénéfice en terme de réduction du risque de récidive et de mortalité spécifique de l’adjonction du trastuzumab à la chimiothérapie adjuvante en cas de tumeurs HER2 amplifiées.
- Le bénéfice est retrouvé dans l’ensemble des sous-groupes.
- Les données de toxicités cardiaques sont plus limitées en nombre que les données d’efficacité mais sont rassurantes.
À retenir
L’adjonction pour 12 mois en adjuvant du trastuzumab dans les cancers du sein localisés HER2 amplifié en association à la chimiothérapie est devenu un standard de traitement depuis le début des années 2000. Cette méta-analyse avec un suivi de plus de 10 ans confirme le bénéfice pour l’ensemble des patients, quels que soient les caractéristiques tumorales.
Références
1. Early Breast Cancer Trialists’ Collaborative group (EBCTCG). Trastuzumab for early-stage, HER2-positive breast cancer: a meta-analysis of 13 864 women in seven randomised trials Lancet Oncol 2021;22:1139-50.