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L’hypogonadisme : une comorbidité sous-estimée chez les hommes sous traitement ARV ?
L'hypogonadisme masculin est mal caractérisé chez les personnes séropositives d'âge jeune à moyen. Cette étude française (janvier 2013-juin 2016) a utilisé un dosage fiable de la testostérone libre pour évaluer la prévalence et les facteurs prédictifs de l'hypogonadisme masculin chez des PVVIH en succès virologique sous traitement ARV. Les auteurs ont inclus des hommes infectés par le VIH-1, âgés de 18 à 50 ans, avec une CV ≤ 50 cp/mL, sous traitement antirétroviral efficace depuis au moins 6 mois. L'hypogonadisme a été défini, conformément aux recommandations, comme une concentration moyenne calculée de testostérone libre sérique inférieure à 70 pg/mL (équation de Vermeulen). Les paramètres sociodémographiques, anthropométriques, ostéodensitométriques, hormonaux, immunovirologiques, métaboliques et thérapeutiques ont été recueillis. Les échelles IIEF-5, HAM-D et AMS, respectivement, ont évalué la fonction érectile, la dépression et la qualité de vie. Au total, 240 patients ont été inclus et 231 ont été analysés. 20 patients (8,7 %) ont présenté des concentrations de testostérone libre sérique basses (< 70 pg/mL), qui étaient exclusivement d'origine secondaire (figure).
En analyse multivariée, les facteurs de risque prédictifs d'hypogonadisme masculin étaient l'âge supérieur à 43 ans (ORa : 3,17 ; IC95 : 1,02-9,86 ; p = 0,04), un pourcentage de graisse totale supérieur à 19 % (ORa : 3,5 ; IC95 : 1,18-10,37 ; p = 0,02), et un traitement comportant de l'éfavirenz (ORa : 3,77 ; IC95 : 1,29-10,98 ; p = 0,02). Un nadir de CD4 supérieur à 200 cellules/mL (ORa : 0,22 ; IC95 : 0,07-0,65 ; p < 0,01) apparaît en revanche comme un facteur protecteur. Au total, l'hypogonadisme masculin demeure relativement fréquent chez les hommes jeunes ou d'âge moyen en succès sous traitement ARV. Un traitement incluant l'éfavirenz, le fait d'avoir plus de 43 ans et un pourcentage de graisse corporelle totale supérieur à 19 % pourraient servir de critères pour identifier les patients les plus à risque. Un dépistage précoce de l'hypogonadisme masculin pourrait permettre d’identifier les patients nécessitant un traitement de substitution de la testostérone.