S’il est une complication chronique des désordres métaboliques qui mérite une attention renforcée, il s’agit sans nul doute de la neuropathie ! Qu’elle touche le contingent sensitivo-moteur ou végétatif du système nerveux périphérique, ses conséquences peuvent en effet s’avérer dévastatrices pour nos patients en termes de pronostic médical et de qualité de vie.
Pourtant, à l’encontre des complications cardiovasculaires et rénales, qui sont actuellement mises en lumière par le déploiement de nouvelles stratégies pharmacologiques prévenant leur évolution, les neuropathies métaboliques souffrent encore d’un déficit diagnostique et thérapeutique. Leur identification précoce, probablement indispensable pour envisager des mesures de prévention efficaces, représente un enjeu majeur, car elles sont le plus souvent méconnues ou négligées lors de leurs phases initiales, longtemps peu symptomatiques. En outre, si l’obtention d’un équilibre glycémique optimal et le contrôle des facteurs de risque cardiovasculaire contribuent indéniablement à limiter leur impact, les ressources thérapeutiques actuelles s’avèrent limitées, se cantonnant le plus souvent à une visée antalgique.
En espérant que la recherche dans le champ des neuropathies d’origine métabolique connaisse une nouvelle dynamique dans les années à venir, l’urgence est aujourd’hui de renforcer nos connaissances sur ces complications, beaucoup plus fréquentes que ce que la majorité d’entre nous imagine. Profitant de l’expertise de collègues neurologues spécialistes du domaine, nous proposons donc, dans ce numéro des Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes & Nutrition, un dossier entièrement dédié aux neuropathies associées aux maladies métaboliques.
En premier lieu, J.B. Chanson (hôpitaux de Strasbourg) détaille les facteurs non glycémiques impliqués dans la physiopathologie des polyneuropathies périphériques survenant chez les patients atteints de diabète de type 2, remettant en cause le rôle central de l’hyperglycémie. Puis, il nous invite à découvrir les polyneuropathies axonales idiopathiques chroniques associées au syndrome métabolique, soulignant la complexité des mécanismes sous-jacents (dysfonction mitochondriale, lipotoxicité, inflammation chronique), qui restent encore à clarifier. Basculant ensuite dans le contexte de la chirurgie de l’obésité, F. Lambert et C. Ciangura (hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris) partagent avec nous leur expérience clinique des complications neurologiques, liées aux carences vitaminiques mais pas uniquement, en insistant sur l’importance des mesures préventives.
De vitamines, il est également question dans l’article rédigé par G. Beaudonnet et R. Iliescu (hôpital Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre), qui propose une synthèse exhaustive et actualisée sur la neuropathie consécutive à une carence en vitamine B1. Enfin, D. Mandia et Y. Nadjar (hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris) nous transportent dans le monde des maladies rares, en décrivant les neuropathies périphériques associées aux maladies métaboliques héréditaires de l’adulte. Des situations rares, mais un enjeu crucial, car l’identification précoce de ces neuropathies est susceptible de faciliter le diagnostic de certaines maladies métaboliques héréditaires.
Je vous laisse donc en compagnie de nos experts et vous souhaite une excellente lecture de ce dossier passionnant. J’espère qu’il vous permettra d’appréhender avec un nouveau regard le dépistage et la prévention des neuropathies périphériques qui menacent un grand nombre de nos patients dysmétaboliques !■

