L’innovation est au cœur des discussions que nous avons lors des congrès, des articles que nous publions dans Correspondances en Onco-Thoracique, et de notre pratique clinique. Si l’innovation est fondée sur l’accès aux nouveaux médicaments anticancéreux, elle concerne surtout l’application et les choix d’utilisation de ces médicaments dans une situation clinique donnée. L’innovation va conduire à améliorer la survie des patients par une efficacité clinique importante, intrinsèque à cette situation clinique ou à une ligne de traitement, mais notre pratique clinique est celle de séquences thérapeutiques, et de l’addition des efficacités successives des différents traitements administrés au patient. Les données de vie réelle sont alors l’outil pour évaluer l’innovation incrémentale et continue dans le temps.
Ainsi, le cancer bronchique à petites cellules illustre ces innovations incrémentales et séquentielles, avec l’ajout de l’immunothérapie à la chimiothérapie historique par platine et étoposide, conduisant à un bénéfice de survie médiane de 2 mois, puis plus récemment l’arrivée de la switch maintenance avec la lurbinectédine, ajoutant 2 mois supplémentaires à une première ligne qui représente la principale composante de la survie des patients, grevée d’une attrition forte entre première et deuxième lignes ; enfin, l’arrivée imminente du tarlatamab en deuxième ligne avec un bénéfice de survie de 5 mois, ajoutant une ligne supplémentaire à la séquence thérapeutique. Les résultats de chaque essai clinique pris individuellement ne permettent probablement pas d’évaluer la survie de nos futurs patients recevant cette stratégie, et le suivi de cohortes s’avère alors nécessaire.
Intégrer l’innovation médicamenteuse implique une vision stratégique globale, non seulement pour répondre aux besoins non satisfaits par les traitements actuels, mais surtout pour permettre à une population large de patients d’y accéder au moment où l’efficacité sera maximisée dans la séquence thérapeutique.
Définir des séquences thérapeutiques uniformes, prospectivement dans nos pratiques, permet alors une évaluation continue de l’efficacité thérapeutique et de l’intégration de l’innovation.

