La prise en charge ORL des enfants peut réserver quelques défis : il faut apprivoiser ces petits êtres turbulents ou plaintifs parfois peu enclins à être examinés, repérer les signes fonctionnels discrets pas toujours verbalisés, évaluer les seuils auditifs, alors qu’ils ne semblent pas intéressés par l’exercice… Tant de situations qui peuvent s’avérer déstabilisantes quand on a peu l’habitude de la pédiatrie. Deux grandes particularités dans la démarche diagnostique pédiatrique doivent être présentes à l’esprit : d’une part, l’existence de pathologies propres à l’enfant, qu’elles soient infectieuses, malformatives ou encore génétiques ; d’autre part, l’adaptation nécessaire de certains examens en fonction de l’âge de l’enfant ou de son développement cognitif.
Le conditionnement et l’ajustement du discours médical sont des éléments clés pour la mise en confiance de l’enfant et des parents, étape indispensable pour que le reste de la consultation se passe sereinement. En effet, l’implication des parents peut se révéler importante pour rassurer, mais peut aussi être piégeuse quand l’anxiété parentale devient contagieuse.
Une fois cet amadouement obtenu, l’examen peut commencer à la recherche des signes cliniques habituels, mais le regard doit savoir rechercher des éléments évocateurs de pathologies purement pédiatriques. Chez le jeune enfant, il faut aussi prendre en compte la croissance, l’alimentation, le langage et l’aspect posturomoteur, autant de petits signes indirects qui peuvent évoquer une mauvaise tolérance de la pathologie. Le retentissement doit alors être apprécié dans la dynamique développementale.
L’évaluation auditive de l’enfant fait partie de ces situations où l’expérience peut s’avérer indispensable. Tout d’abord, le praticien doit faire le choix de l’examen, selon qu’il s’agit d’un nourrisson ou d’un enfant en âge scolaire, savoir attirer son attention et canaliser sa participation sans allonger inutilement l’examen au risque qu’il s’en désintéresse. Devant une discordance entre les résultats des examens objectifs et subjectifs, le médecin doit savoir identifier ce qui peut être en lien avec la variabilité de l’examen ou de l’attention de l’enfant et des signes d’une neuropathie auditive. Enfin, la fluctuation des seuils auditifs peut être le témoin de pathologies bénignes intercurrentes fréquentes telles que l’otite séromuqueuse, mais aussi traduire une surdité neurosensorielle.
Dans ce numéro spécial pédiatrique de La Lettre d’ORL, quelques secrets de l’audiométrie pédiatrique vous seront révélés, ainsi que les spécificités des neuropathies auditives. Enfin, un focus tout particulier sur les surdités légères et moyennes est fait afin de vous inviter à être vigilants sur ces surdités neurosensorielles, qui peuvent se cacher derrière des pathologies d’adaptation, et vous encourager à proposer un appareillage le cas échéant.
Bonne lecture !