Faire la distinction entre une crise généralisée tonicoclonique et une crise psychogène non épileptique (CNEP) peut être difficile, notamment en l'absence d'une description clinique claire par les témoins de l'épisode. Le dosage de différents paramètres biologiques à l'arrivée aux urgences après un épisode clinique est parfois utilisé dans ce but : en effet, une anomalie de certains marqueurs habituellement élevés après une crise généralisée (lactates, CPK, etc.) est considérée par certains comme un argument en faveur de l'origine épileptique d'un épisode, bien que cela soit discuté. Afin de voir si ces anomalies sont spécifiques de la nature épileptique d'un épisode clinique, les auteurs ont étudié les variations du taux de lactates veineux et du pH veineux chez des sujets sains, avant et après une crise simulée. Ils ont ainsi réalisé, chez 8 sujets sains sans aucune pathologie pouvant influencer le taux de lactates ou le pH, une prise de sang avant et après une crise simulée d'une durée inférieure à 5 minutes. Le taux moyen de lactates avant la crise simulée était de 1,1 mmol/L (extrêmes : 0,7-1,5), et le pH veineux moyen était de 7,39 (extrêmes : 7,36-7,43). Après la crise simulée, le taux moyen de lactates veineux était de 9,1 mmol/L (extrêmes : 2,7-16,0), et le pH veineux moyen était de 7,25 (extrêmes : 7,14-7,34), avec une différence statistiquement significative par rapport aux taux antérieurs à la crise simulée (p = 0,0005 pour les lactates et p = 0,001 pour le pH).
Commentaire
Bien qu'une crise simulée soit différente d'une CNEP, ce résultat démontre que l'élévation des lactates et la diminution du pH ne sont pas spécifiques de l'origine épileptique d'un épisode clinique, mais résultent plutôt des modifications de l'activité respiratoire et musculaire. Il faut donc éviter de se baser sur de tels arguments indirects pour retenir le diagnostic d'épilepsie, et privilégier des critères cliniques (notamment l'analyse sémiologique de l'épisode, se basant sur la description par un témoin fiable ou un enregistrement vidéo) ou électrophysiologiques.