Le TDAH est sous-diagnostiqué et sous-traité chez les patients présentant des addictions, y compris des addictions comportementales. Il est important de l’évaluer et de le prendre en charge en addictologie, non seulement parce que sa fréquence est de 21 % chez les patients présentant des addictions dans une méta-analyse récente, contre 3 % en population générale, mais aussi parce que l’existence du TDAH dans l’enfance prédit la survenue d’addictions à l’âge adulte [1], et enfin parce que TDAH et addictions sont d’intensité plus sévère lorsqu’ils sont comorbides. Les conséquences peuvent être sévères : mauvaise intégration sociale, situations d’échecs scolaire, universitaire et professionnel.
Le dossier TDAH de ce numéro aborde tous les aspects de cette problématique dans une perspective neurodéveloppementale : aspects cliniques, évolutifs, notamment à l’adolescence, thérapeutiques, organisationnels et réglementaires.
R. Icick et al. nous indiquent que le repérage peut s’appuyer sur des échelles, mais que le diagnostic reste clinique. Néanmoins, celui-ci peut être biaisé par le décalage entre le savoir scientifique et les connaissances disponibles sur les réseaux sociaux (500 millions de vues sur TikTok® sous le hashtag #ADHD) [2]. C. Cabelguen et al. nous exposent les spécificités cliniques des patients comorbides à l’adolescence : difficultés à organiser leurs pensées, à gérer les emplois du temps, à respecter les délais ou à se concentrer pendant de longues périodes. Le TDAH est également très fréquent dans les addictions comportementales, détaillées par S. El Archi et al. : usages problématiques d’Internet, addictions à l’alimentation, achats compulsifs, addictions sexuelles, troubles du jeu vidéo ou du jeu d’argent pathologique, etc. Pour L. Carton et al., la prise en charge du TDAH repose sur une approche associant les traitements non médicamenteux, notamment la psychoéducation, les interventions motivationnelles, les thérapies cognitivocomportementales et, si nécessaire, un traitement pharmacologique. Les traitements pharmacologiques, en particulier le méthylphénidate et la lisdexamfétamine, ont fait la preuve de leur efficacité, notamment dans une méta-analyse récente [3]. Le risque de mésusage du méthylphénidate chez les patients souffrant d’addictions reste limité, surtout lorsqu’une forme à libération prolongée est utilisée. E. Kammerer discute de la prescription de ces traitements par les addictologues non psychiatres.
Des recommandations spécifiques au TDAH chez l’adulte sont en cours d’élaboration à la HAS. Les techniques non médicamenteuses sont d’autant plus importantes qu’elles sont efficaces sur certaines caractéristiques du TDAH, notamment l’impulsivité, la dysrégulation émotionnelle et les troubles des fonctions exécutives, caractéristiques partagées avec les addictions proprement dites, les troubles psychiatriques concomitants – qui sont plutôt la règle que l’exception –, et les troubles de la personnalité borderline ou antisociale, également très fréquents dans les addictions. La désorganisation, le manque de planification et d’anticipation et les difficultés de gestion du temps consécutif peuvent en effet être réduits par la psychoéducation, la remédiation cognitive, la gestion des émotions, les pratiques de pleine conscience, etc.

