• Avec le soutien institutionnel de
    Novartis reminding medicine

La borréliose de Lyme : quelles controverses diagnostiques ?

D‘après Benoît Jaulhac et Jean Sibilia (Strasbourg)

La borréliose de Lyme est une maladie infectieuse transmise par les tiques Ixodes ricinus en Europe. Le taux d’infection d’une tique par Borrelia est estimé entre 1 et 30 % (1). Après piqûre par une tique infectée, le risque de séroconversion est de 9 à 25 % et celui de développer la maladie, de 3 à 15 % (figure)

Diapositive1


Dans 80 % des cas, l’infection borrélienne est une atteinte cutanée localisée précoce de diagnostic exclusivement clinique (érythème migrant). À ce stade, la sérologie est négative et inutile. La maladie peut évoluer de quelques semaines à quelques mois vers une forme disséminée, avec des atteintes spécifiques d’organe (articulaire, neurologique, cutanée, cardiaque, ophtalmologique, etc.), qui sont, sauf exception, séropositives. 

La sérologie (ELISA puis Western Blot) signe le contact avec Borrelia et non la maladie. Elle a une bonne valeur prédictive négative, sauf si elle est réalisée trop précocement dans les formes disséminées aiguës, notamment neurologiques. Dans ces formes, il est préférable de contrôler la sérologie. 

Dans la neuroborréliose, la ponction lombaire à la recherche d’une réaction lymphocytaire et, surtout, d’une synthèse intrathécale d’IgG anti-Borrelia conforte la suspicion clinique. 

La PCR est peu sensible dans le sang, voire dans le LCR, mais elle a une bonne sensibilité dans le liquide synovial en cas de doute diagnostique. 

Les formes chroniques articulaires, cutanées et neurologiques de la borréliose de Lyme sont connues mais rares. Il ne faut pas écarter la possibilité d’une maladie de Lyme devant une symptomatologie atypique (forme polyarticulaire, enthésitique, etc.), si l’anamnèse est évocatrice (voyage en zone endémique, piqûre de tique récente, atteinte dermatologique d’érythème migrant), et il convient alors de réaliser la sérologie, qui doit être positive en cas de maladie chronique.

Les tests diagnostiques alternatifs (détection de Borrelia au microscope, CD57 des cellules NK) n’ont à ce jour aucune valeur diagnostique confirmée, notamment le test de transformation lymphocytaire ([LTT], Elispot), qui mesure la production d’interféron par les lymphocytes T soumis à des antigènes de Borrelia. Cette technique a été évaluée et standardisée dans la tuberculose, mais, dans la maladie de Lyme, une seule étude contrôlée a été réalisée, avec une sensibilité de 36 % et une spécificité de 82 % (2). L’évolution et l’évaluation nous diront la valeur réelle de ces techniques, que l’on ne peut pas utiliser isolément pour faire un diagnostic de borréliose de Lyme à ce jour. 

Au final, les enjeux actuels sont de mettre au point des méthodes non invasives de diagnostic biologique des érythèmes migrants et des formes neurologiques, des marqueurs d’évolutivité et de réponse thérapeutique, et des test sérologiques encore plus spécifiques. De nombreux travaux sont en cours.


Références

1. Nordberg M, Forsberg P, Nyman D. Can ELISPOT be applied to a clinical setting as a diagnostic utility for neuroborreliosis? Cells 2012;1(2):153-67. 

2. Hofhuis A, Herremans T, Notermans DW  et al. A prospective study among patients presenting at the general practitioner with a tick bite or erythema migrans in The Netherlands. PLoS One 2013 May 16;8(5):e64361. 


Découvrez nos publications