Données d’utilisation de l’isavuconazole en vie réelle
L’isavuconazole (IVZ) est souvent utilisé dans un contexte où les patients sont très immunodéprimés et neutropéniques, mais a été moins étudié dans la population non neutropénique. Une étude rétrospective multicentrique a été réalisée dans 12 hôpitaux en Espagne chez des patients, immunodéprimés ou non, traités par IVZ pendant au moins 24 heures pour une infection fongique invasive (IFI) prouvée, probable ou possible entre janvier 2018 et janvier 2022. Les patients transplantés d’organe solide étaient exclus. 239 patients ont été inclus. Une grande majorité (90 %) avaient une aspergillose, dont les auteurs ont considéré plusieurs catégories (figure 1). Les principales pathologies sous-jacentes étaient les maladies pulmonaires chroniques (23,8 %), les maladies cardiovasculaires (21,7 %), le diabète (19,2 %) et les hémopathies malignes (18,8 %). Les principaux facteurs de risque d’IFI étaient la corticothérapie (58,3 %), un séjour en USI (57,1 %), et une infection virale préalable (50,0 %).
Les taux de réponse clinique et de mortalité étaient similaires à ceux rapportés dans les études chez des patients neutropéniques, mais il n’y a pas données comparatives directes (figure 2), avec un taux de mortalité élevé cependant dans les mucormycoses (75 %). Ces résultats apportent des données nouvelles sur une population moins étudiée pour le traitement par IVZ. 
Une autre étude a apporté des résultats préliminaires sur l’utilisation de l’IVZ en vie réelle dans 16 hôpitaux de 5 pays européens pour le traitement de l’aspergillose invasive (Gheorghe M et al.). Les auteurs ont analysé rétrospectivement les données de 179 patients traités en monothérapie i.v. et/ou orale. La plupart d’entre eux avaient des comorbidités (≥ 3 : 61 %), 13,4 et 48,0 % avaient une IFI prouvée et probable, respectivement, et 95,0 % avaient une localisation pulmonaire, isolée ou associée à une autre localisation. L’IVZ était le traitement de 1re ligne dans 25 % des cas ; chez les autres patients, il était administré en 2e ligne (45 %), 3e ligne (20 %) ou 4e ligne (10 %). Sa tolérance était bonne, seuls 7 patients ayant eu un effet indésirable rapporté à l’antifongique. Un succès clinique a été observé dans 64 % des cas après 24 semaines de traitement, et le succès radiologique dans 59 % des cas (figure 3). Néanmoins, le taux de mortalité globale était élevé, 64 % à M6, en lien avec la sévérité des comorbidités puisque seuls 10 % des décès étaient dus à l’aspergillose. Là encore, les résultats sont cohérents avec ceux des études randomisées et l’efficacité de l’IVZ semble donc confirmée dans la vraie vie, même si la sévérité des pathologies sous-jacentes altère fortement le pronostic.






