Éditorial

Aucun médecin n'est immunisé contre le burn out


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“Et cette émotion dont son âme est remplie,
A bientôt épuisé les sources de la vie”

Voltaire, Zaïre, acte III, scène 4

Burn out : ce terme aujourd'hui largement utilisé est apparu en 1961 dans une nouvelle de Graham Greene, A Burn-Out Case, qui décrivait la vie de Querry, un architecte célèbre dans une léproserie au Congo.
Mieux, dans un commentaire concernant son roman, Greene soulignait à propos d'un personnage : “A doctor is not immune from ‘the long despair of doing nothing well.'” Le burn out a pris toute sa valeur dans les années 1980 avec le “karoshi”, c'est-à-dire la mort brutale par excès de travail décrite par nos collègues japonais.

Il fait donc référence à un phénomène lié au travail. Même s'il n'est pas référencé comme une pathologie mentale, il peut être diagnostiqué par la combinaison de 3 dimensions :

• l'épuisement émotionnel ;

• la dépersonnalisation ;

• la diminution de l'efficacité professionnelle.

La pratique de l'oncologie réunit de multiples facteurs favorisant l'apparition d'un burn out : forte charge de travail, poids psychologique, échec fréquent des traitements mis en œuvre, contact répété avec la mort… Il n'est donc pas étonnant qu'une enquête récente réalisée chez les membres de l'ASCO® retrouve des signes patents de burn out chez 45 % d'entre eux. Les oncologues, quel que soit leur âge, leur sexe ou leur spécialité, peuvent être touchés. On comprend facilement que l'impact sur le médecin lui-même, mais aussi sur son équipe et, surtout, les patients peut être malheureusement délétère.

Les sociétés savantes de cancérologie, aussi bien l'ESMO que l'ASCO®, ont bien pris en compte la gravité de ce phénomène et proposent des outils éducationnels afin d'améliorer la situation. La tendance actuelle est bien sûr de proposer des actions préventives individuelles, mais aussi une réflexion sur les organisations de santé afin d'améliorer la qualité de vie au travail des oncologues.

Concluons donc avec les mots de Tara Sanft, de la Yale School of Medicine (New Haven, États-Unis), dans une discussion de posters au virtual meeting de l'ASCO® cette année : “Burnout is universal and no one is immune. We are all in this together and together we can come up with solutions.”

Références

Pour en savoir plus :

Hubocky FJ et al. Addressing burnout in oncology: why cancer care clinicians are at risk, what individuals can do, and how organizations can respond. ASCO® Educational Book, 2016.


Liens d'intérêt

J.F. Morère déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec l’article.