Prévention et traitement des thromboses au cours du cancer : peut-on donner un AOD ?
- Le traitement anticoagulant dans le cancer peut s'envisager selon 3 axes : le traitement initial de la maladie veineuse thromboembolique, le traitement prolongé au-delà des 6 premiers mois et la thromboprophylaxie.
- Dans le traitement initial de la maladie veineuse thromboembolique associée au cancer, l'édoxaban et le rivaroxaban ont montré une meilleure efficacité, avec un excès de saignements majeurs par rapport aux héparines de bas poids moléculaire.
- Dans la thromboprophylaxie de la maladie veineuse thromboembolique associée au cancer, le rivaroxaban et l'apixaban ont montré une meilleure efficacité (significative pour l'apixaban), avec un excès de saignements majeurs par rapport au placebo.
Liens d'interêts
I. Mahé, S. Djennaoui, P. de Boisson de Chazournes et J. Chidiac n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.
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Hokusai VTE cancer [5] | SELECT-D [6] | |||||
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12 mois | 6 mois | 6 mois | ||||
Édoxaban | Daltéparine | Édoxaban | Daltéparine | Rivaroxaban | Daltéparine | |
Récidive TEV (%) | 7,9 | 11,3 | 6,5 | 8,8 | 4,0 | 11,0 |
Hémorragie majeure (%) | 6,9 | 4,0 | 5,6 | 3,2 | 6,0 | 4,0 |
HCRNM (%) | 14,6 | 11,1 | 12,3 | 8,2 | 13,0 | 4,0 |
Mortalité (%) | 39,5 | 36,6 | 26,8 | 24,2 | 25,0 | 30,0 |
TEV : thromboembolique veineux ; HCRNM : hémorragie cliniquement relevante non majeure.
CASSINI [14] | AVERT [15] | |||
---|---|---|---|---|
6 mois | 6 mois | |||
Rivaroxaban | Placebo | Apixaban | Placebo | |
Récidive TEV (%) | 6,0 | 8,8 | 4,2 | 10,2 |
Hémorragie majeure (%) | 2,0 | 1,0 | 3,5 | 1,8 |
Mortalité (%) | 20,0 | 23,8 | 12,2 | 9,8 |
TEV : thromboembolique veineux.
Traitement des 6 premiers mois
Il est recommandé de traiter les malades atteints de cancer actif et d’une thrombose veineuse proximale ou d’une embolie pulmonaire par une héparine de bas poids moléculaire sans relais par AVK pendant les 6 premiers mois de traitement (grade 1+).
En cas d’intolérance aux héparines de bas poids moléculaire, quand le risque hémorragique est faible et sauf cancer digestif ou urologique, il est suggéré un anticoagulant oral direct plutôt qu’un AVK (grade 2+).
Durée du traitement
Après 6 mois de traitement anticoagulant pour un ETEV dans un contexte de cancer, il est suggéré d’interrompre le traitement anticoagulant lorsque le cancer n’est plus actif (absence de maladie tumorale détectable et absence de traitement anticancéreux depuis plus de 6 mois (y compris hormonothérapie)) et absence de récidive thromboembolique pendant les 6 premiers mois de traitement anticoagulant (grade 2+).
Après 6 mois de traitement anticoagulant pour un ETEV dans un contexte de cancer, il est recommandé de poursuivre le traitement anticoagulant lorsque le cancer est actif (présence d’une maladie tumorale détectable, y compris par l’existence d’un biomarqueur, et poursuite d’un traitement antitumoral, y compris hormonothérapie, dans les 6 mois) ou récidive thromboembolique pendant les 6 premiers mois de traitement (grade 1+).
Quand le traitement anticoagulant est poursuivi au-delà de 6 mois, il est suggéré de réévaluer son indication tous les 6 mois (grade 2+).
Nature du traitement au-delà du 6e mois
Quand le traitement anticoagulant est poursuivi au-delà du 6e mois, il est suggéré de prendre en compte les éléments suivants pour le choix de la classe d’anticoagulants à utiliser : 1. L’activité du cancer (en concertation avec l’équipe oncologique). 2. Le risque de rechute du cancer en cas de rémission. 3. Le traitement du cancer en cours. 4. Le type de traitement anticoagulant dans les 6 premiers mois. 5. La tolérance au traitement anticoagulant dans les 6 premiers mois. 6. La survenue d’une récidive thromboembolique veineuse dans les 6 premiers mois. 7. La préférence du patient (grade 2+).
Quand le traitement anticoagulant est poursuivi au-delà du 6e mois, il est suggéré :
– de poursuivre l’HBPM quand un traitement par chimiothérapie est poursuivi et que le traitement par HBPM est bien toléré, efficace et bien accepté par le patient (grade 2+) ;
– de remplacer l’HBPM par un anticoagulant oral quand le traitement par HBPM est mal accepté ou mal toléré par le patient (notamment en raison des hématomes aux points de ponction) ou quand le traitement antitumoral ne comporte pas de chimiothérapie (hormonothérapie, thérapie ciblée) (grade 2+).