Editorial

La francophonie, toute une histoire …


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Cette année, les deux premiers numéros de La Lettre de l'Hépato-gastroentérologue comportent un dossier francophonie sur le thème des maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI).

Mais qu'est-ce au juste que la francophonie ?

Le terme a été inventé en 1880 par le géographe français Onésime Reclus (1837-1916), militant de l'expansion coloniale, alors que son frère Élisée (1830-1905), également géographe, mais communard, anarchiste et écrivain prolifique, en était un critique. Le colonialisme d'Onésime Reclus ne s'appuyait pas sur des considérations mercantiles, mais plutôt sur des arguments linguistiques puisqu'il considérait que la langue apparaissait comme le socle des empires, le lien solidaire des civilisations. Pour Onésime Reclus, le terme francophonie désignait les espaces géographiques où la langue française était parlée. Peu usité pendant longtemps, le mot prit son essor à partir de 1960, au moment de la décolonisation, grâce à des personnalités comme Léopold Sédar Senghor au Sénégal, Habib Bourguiba en Tunisie et Norodom Sihanouk au Cambodge qui militèrent pour la création d'une communauté francophone internationale.

Le Grand Robert de la langue française définit la francophonie comme “l'ensemble constitué par les populations francophones (France, Belgique, Canada [Québec, Nouveau-Brunswick, Ontario…], Suisse, Afrique, Antilles, Levant…)” et ajoute en note que “le mot, lorsqu'il prétend conférer une cohésion à l'ensemble humain mal défini qu'il désigne, est parfois critiqué”. Toujours dans ce dictionnaire, le terme “francophone” désigne un groupe ou une région “dans lesquels le français est pratiqué en tant que langue maternelle, officielle ou véhiculaire”, même si les locuteurs individuels ne parlent pas tous le français.

Une différence subsiste entre “francophonie” et “Francophonie”, l'organisation institutionnelle (OIF pour Organisation internationale de la Francophonie), qui regroupe 84 pays membres et observateurs, et dont la secrétaire générale est Louise Mushikiwabo (Rwanda). Avec près de 300 millions de locuteurs, le français est la 5e langue parlée dans le monde.

Ce dossier francophonie, scindé en deux parties, a été élaboré avec l'aide précieuse de David Laharie et de son réseau de MICIstes internationaux. Je dois souligner, en tant que coordonnateur de ce numéro, que nos demandes d'articles ont été très favorablement accueillies et que les délais de rédaction ainsi que les recommandations aux auteurs ont été parfaitement respectés. Je remercie les auteurs et les félicite pour l'excellence de leurs textes. Nous disposons ainsi d'un panorama des problèmes posés par les MICI, qui varient selon l'épidémiologie, les moyens de prise en charge et les systèmes de santé. Dans cette première partie, nous accueillons des textes en provenance d'Algérie, du Liban, de la Belgique et du Canada, tandis que dans le prochain numéro vous pourrez lire des articles venant de Tunisie, de Madagascar, du Maroc, du Sénégal ainsi que la suite de la mise au point de Gérard Schmutz (Canada) sur l'imagerie de la maladie de Crohn.



Liens d'intérêt

M.A. Bigard déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet éditorial.