Éditorial

Gynécologue et psychiatre associés dans la prise en charge de la santé mentale des femmes


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À l'heure où les pouvoirs publics prennent conscience du peu de moyens dont dispose la psychiatrie en France, et où la commission des 1 000 premiers jours a soulevé l'importance de la santé mentale périnatale, il nous est apparu essentiel de faire un focus détaillé sur les particularités de la psychiatrie au cours de la vie des femmes. Le gynécologue en représente un acteur majeur capable de dépister, d'orienter, de traiter, de soutenir les patientes dans cette démarche. Le psychiatre peut, en travaillant avec le réseau périnatalité, en être un autre maillon essentiel.

En effet, les fluctuations hormonales caractéristiques du cycle menstruel, certains événements de la vie, en particulier la grossesse, et quelques étapes incontournables, telles que la puberté et la ménopause, sont autant de périodes susceptibles d'influer sur la santé mentale des femmes. La prise en charge des troubles psychiatriques en période périnatale, en particulier la prescription de psychotropes, peut sembler difficile et conduire les cliniciens, à tort, à interrompre des traitements pourtant nécessaires.

De plus, la pandémie mondiale liée au Covid-19 ajoute un facteur de risque important de troubles psychiatriques, et vient compliquer la prise en charge des femmes. Si initialement les consultations de gynécologie ont été délaissées engendrant des retards au diagnostic, le traitement de pathologies bénignes ou malignes doit parfois encore être différé faute de personnel et de lits. La prise de conscience de cette dégradation de la qualité des soins a incité les services de gynécologie-obstétrique à réagir ; cependant, les dégâts psychologiques ont été tout aussi dévastateurs et nécessitent également que l'on s'y arrête. La prise en charge et le vécu des femmes enceintes depuis 2 ans sont loin d'être simples.

Ainsi, un dossier en coédition avec La Lettre du Gynécologue consacré à la prise en charge psychiatrique des femmes est né grâce à l'enthousiasme des auteurs d'horizons divers qui ont immédiatement répondu positivement à notre appel.

Anne-Laure Sutter-Dallay nous indique comment et pourquoi prescrire les psychotropes durant la grossesse et les risques majeurs de rechute liés à leur interruption intempestive.

Alexandra Doncarli détaille l'impact de la pandémie actuelle sur la santé mentale des femmes enceintes, et propose des mesures ciblées pour le limiter.

Elsa Moreau relate l'influence des étapes hormonales de la vie des femmes sur leur humeur, en particulier lors d'un trouble bipolaire.

Sarah Tebeka ouvre largement une porte sur l'origine génétique de la dépression du post-partum.

Romain Dugravier argumente en faveur d'un dépistage systématique des troubles psychiatriques au cours de la période périnatale.

Claudine Schalck nous propose un accompagnement du couple face à la terrible épreuve d'un deuil périnatal et souligne l'aide précieuse qui peut être apportée par les associations dans cette circonstance.

Chaque auteur, fort de son expertise, s'est investi de façon remarquable pour rendre ce numéro tout à fait exceptionnel. Qu'ils soient tous chaleureusement remerciés.

Les mentalités changent sur la prise en charge psychiatrique qui évolue, en particulier pour les femmes.

Gageons que les années à venir seront un tournant dans le dépistage et l'accompagnement de la santé mentale de toutes les femmes !

Bonne lecture à tous !



Liens d'intérêt

S. Tebeka et B. Raccah-Tebeka déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet éditorial.