Éditorial

Spécificités hommes-femmes dans l'expression des troubles psychiatriques


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À l'heure de discussions houleuses autour des différences hommes/ femmes sur la consommation de viande ou sur les préférences de cuisson au barbecue, nous ne voudrions pas souffler sur les braises !

Serait-il controversé d'affirmer qu'il existe des différences entre les hommes et les femmes dans l'expression des troubles psychiatriques ? Je ne le pense pas, mais nous sentons à quel point ce type de sujet peut vite être polémique, voire problématique. Trouver un titre pour ce dossier était déjà compliqué : parle‑t-on de spécificités hommes-femmes, de différences selon le genre, selon le sexe ? Notre but n'est pas de se positionner sur toutes ces interrogations, ni d'aborder la question de l'identité de genre, de plus en plus récurrente dans nos pratiques et qui pourrait faire l'objet d'un dossier spécifique.

À travers les articles de ce dossier, nous souhaitions sensibiliser les cliniciens aux différences, aux spécificités hommes-femmes de prévalence, d'étiologie, de sémiologie et même de traitements des principaux troubles psychiatriques. L'article très pédagogique de Bénédicte Nobile permet une mise au point indispensable sur les spécificités pharmacocinétiques et pharmacodynamiques chez les femmes. Cet éclairage est utile pour la gestion pratique de nos prescriptions. De plus, vous comprendrez probablement pourquoi les femmes déclarent plus d'effets indésirables en lien avec les psychotropes… et non, messieurs, ce n'est pas une question de troubles de la personnalité ou de mise en échec systématique des thérapeutiques ! Concernant la schizophrénie, une pathologie qui se révèle plus fréquente chez l'homme, on retrouve des spécificités sémiologiques et de pronostic chez les femmes. Baptiste Pignon discute une nouvelle piste thérapeutique hormonale pour les femmes ménopausées souffrant de schizophrénie résistante. L'article sur les particularités de la dépression chez la femme éclaire différentes pistes de compréhension hormonale, neuro‑anatomique, génétique, inflammatoire, pour expliquer que les femmes sont 2 fois plus touchées que les hommes. En France, la prévalence des tentatives de suicide est aussi bien plus élevée chez les femmes, ce qui n'est pas le cas du décès par suicide, plus fréquent chez les hommes. Mais les auteurs de cet article intéressant nous révèlent qu'il existe une forte variabilité du sex ratio suicidaire à l'échelle mondiale. Vous découvrirez en quoi des questions fondamentales d'égalité sociétale entre hommes et femmes peuvent influencer la mortalité par suicide. Les mouvements comme #MeToo ont rendu incontournables les questions des violences sexuelles et du psychotraumatisme. Dans le trouble de stress post-traumatique, les spécificités et les différences hommes-femmes sont nombreuses, aussi bien sur le type d'événements traumatiques vécus que sur la sémiologie des troubles. Les différents facteurs pré-, péri- et post-traumatiques contribuant à ces spécificités sont discutés.

D'ailleurs, si ces questions d'égalité hommes-femmes, de discriminations ou de violences faites aux femmes vous intéressent, n'oubliez pas de jeter un œil à la rubrique Vie professionnelle dans laquelle l'association Donner des ELLES à la Santé est présentée, qui œuvre pour plus d'égalité à l'hôpital.


Liens d'intérêt

C. Hingray déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet éditorial.