Éditorial

Immunité et cancer du sein


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Les cancers du sein restent les parents pauvres de l'immunité. Pourtant, un certain nombre d'entre eux répondent à cette voie thérapeutique. Il faut dire que, historiquement, nous avions été déçus – pour ceux qui s'en souviennent – par l'absence d'efficacité de l'interféron et de l'interleukine. Ce sont les progrès dans la compréhension des mécanismes de l'immunité et des échanges entre le tissu de soutien et les cellules cancéreuses qui ont permis des avancées thérapeutiques majeures pour bon nombre d'autres localisations cancéreuses (mélanomes, cancers bronchiques, cancers de la vessie, cancers du rein, etc.). Une des approches les plus développées est celle des points de contrôle de la réponse immunitaire. Ces points de contrôle agissent sous l'action de stimuli immunologiques comme des régulateurs de la réponse immunitaire en lui permettant de lutter contre les cellules cancéreuses. Les cancers peuvent, cependant, circonvenir cette immunité anticancéreuse en inhibant transitoirement ou définitivement les capacités cytotoxiques des lymphocytes T. C'est la liaison de PD-1 à l'un de ses ligands qui va bloquer l'activation des lymphocytes T et c'est le blocage de PD-1 par un anticorps (anti-PD-1 ou anti-PD-L1) qui va permettre l'activation du lymphocyte T. Si la majorité des cancers du sein sont peu immunogènes, les plus agressifs d'entre eux, notamment les cancers triple-négatifs et ceux surexprimant HER2, sont considérés comme ayant une forte charge immunogène, présentent de nombreux TIL et ont des taux d'expression élevée de PD-L1. Cette approche a permis le succès de l'étude KEYNOTE 522 [1] qui a mis en évidence une amélioration significative de la survie sans événement de patientes atteintes d'un cancer du sein triple-négatif de stade II ou III non antérieurement traité. Récemment, plusieurs autres modalités thérapeutiques ont été rapportées. Le transfert adoptif de cellules constitue une stratégie prometteuse qui va consister à réinfuser des lymphocytes T autologues éventuellement après une chimiothérapie lymphodéplétive. En raison des mutations somatiques présentes au sein des cancers, une réponse immunitaire naturelle va être générée. Une étude pilote publiée récemment a confirmé la faisabilité d'une telle stratégie et a mis en évidence des réponses objectives [2]. Dans ce numéro de La Lettre du Sénologue, Myriam Kossaï et Safae Terrisse vont nous aider à mieux comprendre les mécanismes d'action et les prérequis pour traiter les patientes avec les meilleures chances d'efficacité.

Références

1. Schmid P et al. Event-free survival with pembrolizumab in early triple-negative breast cancer. N Engl J Med 2022;386(6):556‑67.

2. Zacharakis N et al. Breast cancers are immunogenic: immunologic analyses and a phase II pilot clinical trial using mutation-reactive autologous lymphocytes. J Clin Oncol 2022;40(16):1741‑54.


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