Quand le surdon est un handicap : les enfants à haut potentiel verbal dysharmonique

L'oeuvre extraordinairement riche de Jean Piaget ne rend pas vraiment compte de la manière dont l'enfant utilise son intelligence à chaque étape de son développement, ni du fait que ses capacités peuvent être source de difficultés et d'angoisses. C'est avant tout le sujet épistémique qui intéresse Piaget, et c'est à son propos qu'il a fait les découvertes les plus novatrices, avec une acuité de regard exceptionnelle.

Pour un pédopsychiatre, tout tableau infantile présente : les symptômes ; l'environnement de l'enfant ; la manière dont l'enfant gère ses symptômes ; la place d'un diagnostic dans l'économie familiale. Quel que soit le domaine considéré, on ne sort pas de cette équation éminemment complexe qui fait qu'« un symptôme seul, ça n'existe pas ! ».

Devant des critiques l'accusant de « verser dans l'intellectualisme », Piaget réfléchit (toujours avec une méthode et une profondeur quasi obsessionnelles, que l'on trouvait déjà dans ses articles sur les mollusques, en bon docteur ès sciences en malacologie qu'il était !) aux relations entre l'intelligence et l'affectivité de l'enfant, et il recense toutes les théories concernant ce thème. Il ne s'agit pas ici pour nous de reprendre globalement ce très vaste sujet, mais d'observer, à travers notre pratique et nos constats cliniques, des cas de figure qui paraissent suffisamment semblables pour les catégoriser et en tirer des préconisations pour les professionnels, parents et enseignants de l'enfant, en ne méconnaissant pas la diversité et l'importance pour un enfant du milieu, de l'école, de l'enseignant, des rencontres qu'il fera dans sa vie.

Ainsi, un tableau particulier d'enfants considérés comme précoces et particulièrement en échec scolaire a attiré notre attention, en raison de la fréquence des enfants concernés dans les consultations des centres référents des troubles des apprentissages en France (CERTA).