Editorial

Cher(e)s collègues, n'oubliez pas de prendre soin de vous !


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En ce début d'année 2021, plus que jamais, l'ensemble du comité éditorial des Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes Nutrition se joint à moi pour vous adresser ses meilleurs vœux de bonheur et de sérénité, tant sur le plan personnel que dans le cadre de vos activités professionnelles. En effet, si la crise sanitaire, qui s'étire depuis de longs mois, a mis en lumière l'investissement indéfectible, un temps salué par des salves d'applaudissements, de l'armée des soignants appelés à faire face à la pandémie, elle pèse de tout son poids sur le moral des troupes, déjà entamé de longue date par les failles évidentes de notre système de santé.

Dans ce contexte si particulier, nous avons choisi de délaisser temporairement nos pathologies de prédilection en braquant nos projecteurs sur les menaces directes qui planent sur le corps médical, autant de situations susceptibles d'entraîner nombre d'entre nous vers l'épuisement et la désespérance. Prendre conscience du risque de burn out est désormais impératif, et il convient d'en connaître les signes annonciateurs, mais également de veiller à la mise en place de mesures de prévention efficaces, comme nous le rappelle M. Andela dans notre dossier thématique intitulé ­“Le burn out des ­professionnels de santé”. Nul n'est à l'abri, quel que soit son mode d'exercice, et nos jeunes collègues qui se trouvent confrontés à des situations fragilisantes dès leur période de formation doivent faire l'objet d'une vigilance spécifique. N. Naoun met l'accent sur ce point, en soulignant l'ampleur des risques psychosociaux chez les internes.

À l'inverse de spécialités telles que l'oncologie, l'obstétrique ou la réanimation, notre discipline est rarement mise en exergue lorsque l'on aborde le phénomène de burn out. Pourtant, nous n'échappons malheureusement pas à la dégradation progressive de la relation médecin-­malade évoquée par I. Moley-Massol, un phénomène sociétal qui altère insidieusement, mais sûrement, notre qualité de vie professionnelle. Faire face à des plaintes dans le cadre de la pratique de son art peut également générer un stress difficilement surmontable. Le nombre de réclamations et de demandes de réparation a explosé au cours de la dernière décennie, renforçant l'intérêt des analyses de C. Denambride à ce sujet, souvent méconnu par la plupart d'entre nous, jusqu'au jour où… De façon très pertinente, F. Grellier aborde ensuite sans concession la responsabilité des défaillances de l'organisation du système de santé français et insiste sur le rôle potentiel­lement délétère de l'hyperconnectivité, qui a révolutionné les codes relationnels entre patients et soignants.

Enfin, j'adresse des remerciements chaleureux à R. Desailloud qui, en disséquant les dérégulations de l'axe corticotrope impliquées dans l'installation et la persistance du processus de burn out, nous prouve une nouvelle fois qu'aucun contexte physiopathologique ne peut échapper à l'influence du système endocrinien.

Vous l'aurez compris, le burn out des professionnels de santé est aujourd'hui une réalité que nous ne pouvons plus nous permettre d'ignorer ou de minimiser. Je vous souhaite donc une excellente lecture de ce numéro qui, j'espère, vous aidera à mieux appréhender ces situations à risque et, surtout, à vous en préserver. En ces temps où l'optimisme doit rester de rigueur, n'oubliez donc pas de prendre soin de vous !



Liens d'intérêt

P. Gourdy déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet éditorial.