Éditorial

Covid-19, un anniversaire au goût amer…


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À l'instant où je prends la plume pour rédiger cet éditorial, tous les médias célèbrent tristement l'anniversaire de l'annonce du premier confinement national, consacrant l'entrée de plein fouet dans la crise sanitaire et sociale qui nous affecte durablement, et anticipent déjà le chiffre symbolique de 100 000 décès liés à la Covid-19 dans notre pays. D'espoirs en déceptions, de polémiques en certitudes, d'expertises scientifiques en décisions politiques, nul n'aurait pu écrire un scénario aussi ahurissant que celui qui a animé l'année écoulée, et cette période historique que nous vivons est loin d'être achevée…

Dans ce contexte très chaotique, notre discipline a rapidement été confrontée à l'évidence du risque accru de développer une forme sévère de Covid-19 chez les personnes présentant une obésité et/ou un diabète sucré. Confortant les données rapportées à l'échelle planétaire, les observations épidémiologiques françaises font ainsi état d'un risque de décès en milieu hospitalier majoré de 75 % en cas de diabète et de 56 % en cas d'obésité au cours de la première vague de l'épidémie (rapport EPI-PHARE publié le 9 février 2021). Au-delà de ce constat alarmant, désormais parfaitement admis, le comité éditorial des Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition a jugé utile de dresser un premier bilan des enseignements issus des publications scientifiques, mais également de s'intéresser à l'adaptation de nos pratiques cliniques et, bien sûr, à l'impact de la crise sanitaire sur les personnes souffrant d'obésité ou de diabète.

Menant une réflexion éthique sur les conséquences d'une stigmatisation accrue de l'obésité et du diabète, J.M. Lecerf nous invite à ne surtout pas négliger les conséquences psychologiques et sociales de cette situation chronicisée, sans aucun doute amplifiées par la pandémie, chez des personnes dont l'image est déjà fragilisée dans nos sociétés. Revenant sur la nécessité évidente de graduer le risque de forme sévère de Covid-19 de façon plus personnalisée, au-delà de la seule prise en compte du statut diabétique, S. Smati-Grangeon et B. Tramunt s'appuient sur leur parfaite connaissance des nombreuses données issues de l'étude nationale CORONADO (CORONAvirus SARS-CoV-2 and Diabetes Outcomes) pour identifier les profils cliniques les plus à risque de développer une forme sévère de Covid-19. Réalisant une analyse exhaustive des données publiées à ce jour, C. Caussy adopte une démarche similaire qui vous permettra de mieux appréhender l'évolution des risques de l'infection en fonction du grade de l'obésité du patient. Sur un plan plus physiopathologique, B. Duvillié aborde une question particulièrement débattue, celle du rôle diabétogène du virus SARS-CoV-2, soulignant sa capacité à infecter les cellules pancréatiques bêta. Enfin, nous avons confié à l'équipe strasbourgeoise (L. Meyer, C. Tollard et L. Kessler), en première ligne depuis le début de la pandémie, l'importante mission d'analyser les retombées majeures de cette crise sanitaire inédite sur nos pratiques de prise en charge du diabète. De la nécessité immédiate de réorganiser les soins hospitaliers et ambulatoires lors de la première vague à la structuration pérenne de nouvelles modalités de suivi, nul doute que de nombreuses pistes d'amélioration ont été proposées au cours des derniers mois.

Je vous laisse en compagnie de nos experts en vous souhaitant une excellente lecture de ce numéro qui, je l'espère, vous aidera à adapter au mieux vos pratiques en ces temps de crise. À ce titre, et en dépit d'un contexte médiatique parfois difficile, est-il besoin de rappeler l'importance de promouvoir l'adhésion à la vaccination ? N'oubliez pas que notre investissement individuel et collectif est indispensable, non seulement pour assurer la sécurité optimale de nos patients les plus à risque, mais aussi pour évoluer rapidement vers des jours meilleurs !


Liens d'intérêt

P. Gourdy déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet éditorial.