Éditorial

“La Peau traumatisée” : un autre regard sur la peau


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Est-ce pour exorciser le traumatisme Covid-19 subit ces 2 dernières années par les dermatologues (comme tout un chacun), que ce thème, “La Peau traumatisée”, nous a traversé l'esprit comme une évidence il y a plusieurs mois, lors de la préparation de ce numéro spécial des Journées dermatologiques de Paris 2021 ? Je laisse cette question aux psychanalystes…

Ce thème nous permet d'aborder la peau sous 2 angles originaux : la “peau victimaire” et la “peau thérapeutique”.

Nous présentons volontiers la peau comme l'organe barrière, ce mur de briques, qui nous protège de l'environnement. Nous avons réuni dans ce numéro quelques exemples de “peaux traumatisées”. Tout d'abord, les traumatismes causés par des phénomènes physiques : l'exposition solaire dans cette situation pathétique et dramatique de jeunes népalais atteints de xeroderma pigmentosum, ou de brûlure électrique, avec ce patient sans domicile fixe qui avait voulu traverser les rames du métro parisien.

Mais c'est cette même peau qui expose à l'autre notre image, avec nos forces et nos fragilités, et il est bien humain de vouloir la rendre plus séduisante, ou tout au moins conforme à l'image que l'on souhaite présenter. “La peau entre canons et démons” illustre, à travers sa représentation artistique, cet extraordinaire terrain de jeu qu'est la peau. Ce terrain de jeu peut aussi se transformer en terrain miné au bord de l'explosion. Nous vous présentons les conséquences dramatiques des injections de silicone et une mise au point sur les tatouages qui concernent aujourd'hui 17 % de la population française.

Il est aussi un traumatisme cruel subi par la peau, les toxidermies graves, qui témoignent au combien de la double signification du mot grec “Pharmakon” à la fois remède et poison. Nous vous présentons le “syndrome de défaillance cutanée”, important à connaître, et conséquence possible de toxidermies graves, telles que la nécrolyse épidermique toxique.

Dermatologues, nous sommes au premier rang en médecine légale pour alerter sur d'éventuels traumatismes subis par nos patients : il vous est rappelé comment rédiger un certificat descriptif. Et nous abordons également le problème difficile des mutilations génitales féminines.

Enfin, la "peau victimaire" peut aussi se révéler salvatrice pour l'autre, le don de peau permet cette mise en valeur. Un focus est présenté sur la prise en charge chirurgicale des brûlures.

Ce passage de “peau victimaire” à “peau thérapeutique” comme un symbole de cette fin d'année 2021, de transition entre traumatisme et renaissance, une affirmation de notre désir de passer à autre chose.



Liens d'intérêt

V. Descamps déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet éditorial.