Éditorial

La rétinopathie diabétique comme vous ne l'avez jamais vue ?


(pdf / 57,78 Ko)

Notre spécialité prend actuellement un virage incontestable. Pas un congrès ne se tient sans que l'on entende parler d'automatisation des examens ou des traitements et de l'arrivée de l'intelligence artificielle en rétine, dont la concrétisation est le marquage CE, le mois dernier, du premier logiciel de lecture automatisée des rétino­graphies de dépistage de la rétinopathie diabétique. Cette arrivée inéluctable nous pousse donc à porter un nouveau regard sur les outils de diagnostic et d'imagerie à notre disposition. En effet, cette (r)évolution au sein de notre spécialité ne doit certainement pas nous conduire à nous désintéresser de l'interprétation des examens d'imagerie, mais bien au contraire à mieux les maîtriser afin de garder notre esprit critique.

Marie-Noëlle Delyfer nous rappelle l'intérêt de l'imagerie grand champ dans le dépistage et le diagnostic de sévérité de la rétinopathie diabétique. Elle souligne également la valeur pédagogique pour le patient de ce nouveau type d'outils. L'imagerie grand champ permet d'observer des anomalies vasculaires périphériques non vues avec les appareils d'imagerie traditionnelle. Le diagnostic de l'atteinte rétinienne des patients diabétiques est ainsi plus aisé, et plus fiable.

Flore De Bats nous livre son expérience concernant l'utilisation du rétinographe confocal Eidon®, permettant la réalisation d'une imagerie grand champ, par constitution d'une mosaïque, entièrement automatisée. Par ailleurs, elle illustre par une très belle icono­graphie son application à la rétinopathie diabétique, en mettant en avant la caractéristique intrinsèque confocale de cet appareil permettant de maintenir sa sensibilité diagnostique même en cas de cataracte dense ou de saignement du vitré qui peuvent survenir et ­compliquer le suivi du patient diabétique.

Nous, nous nous sommes attachés à faire le point sur les “biomarqueurs” OCT, c'est-à-dire toutes les caractéristiques anatomiques visibles en OCT qui influencent favorablement ou non le pronostic visuel des patients atteints d'œdème maculaire diabétique. Ces paramètres seront probablement un jour, après avoir fait la preuve de leur pertinence, intégrés aux logiciels d'intelligence artificielle.

Enfin, Aude Couturier, spécialiste de l'OCT-angiographie chez le patient diabétique, nous séduit par ses images spectaculaires d'OCT-angiographie grand champ, et nous montre comment cet examen permet de répondre à certaines questions physiopathologiques concernant notamment la persistance de l'ischémie rétinienne au cours de la rétinopathie diabétique malgré un traitement anti-VEGF administré pour un œdème.

Nous espérons que ce regard un peu inhabituel, tourné vers les techniques d'imagerie, éveillera votre curiosité et que vous aurez autant de plaisir à découvrir ce dossier que nous en avons eu à le préparer.

Bonne lecture.II


Liens d'intérêt

A. Giocanti-Aurégan et F. Fajnkuchen déclarent avoir des liens d’intérêts avec Allergan, Bayer et Novartis (consultants).