Éditorial

Abondance de médicaments ne nuit pas


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Vous souvenez-vous du temps où nos patients arrivaient en consultation en nous disant : “Je viens vous voir, docteur, car vous êtes ma dernière chance, tout le monde m'a dit que ma vie allait être difficile, car mon traitement par anti-TNF n'a pas marché.” Eh bien, ce temps-là est révolu ! Dans ce numéro, nos experts vont vous guider dans la profusion des nouveaux médicaments disponibles.

Depuis près de 25 ans, les biothérapies ont révolutionné la prise en charge des patients souffrant de MICI. En France, pour choisir parmi les options thérapeutiques, nous devons tenir compte des conditions de remboursement qui sont, par définition, plus strictes que le libellé de l'AMM européenne pour chaque médicament. Le point positif, c'est que le choix est simple en première ligne de traitement, puisque l'on doit débuter par un anti-TNF dans le traitement de la maladie de Crohn et par un anti-TNF ou le védolizumab dans la rectocolite hémorragique (RCH). En seconde ligne, cela se complique ! Les petites molécules, administrées par voie orale, ont prouvé leur efficacité. David Laharie fait le point sur les trois anti-JAK (tofacitinib, filgotinib et upadacitinib) : quel est celui ayant le meilleur rapport bénéfice/risque ? La sélectivité fera-t-elle la différence ?
Rendez-vous dans quelques années pour une réponse ferme mais pas définitive, comme toujours dans les MICI. Vered Abitbol nous parle de la version moderne des anti-TNF : les biobetters. L'arrivée des biobetters souligne principalement le fait que l'infliximab reste une molécule de pointe dans les MICI et qu'il s'est donné une nouvelle jeunesse grâce à sa version améliorée. Mathurin Fumery nous éclaire sur la nouvelle génération des biothérapies, les bloqueurs de l'interleukine-23. Ceux-ci sont efficaces, bien tolérés, mais sont-ils supérieurs aux biothérapies existantes, et notamment à l'ustékinumab ? Résultat attendus en 2023. Xavier Roblin dresse le portrait des modulateurs de la S1P. Quelle est cette nouvelle classe de molécules ? Je ne vais pas vous “spoiler” (comme disent mes enfants !) et je vous laisse lire avec attention les explications de Xavier sur ce nouveau mécanisme d'action. Enfin, nos experts présentent trois situations cliniques qui chacune constitue un défi en 2022. Lucine Vuitton nous dit tout sur les nouveautés thérapeutiques dans les fistules anopérinéales compliquant la maladie de Crohn, une atteinte fréquente et très invalidante avec des enjeux majeurs. Guillaume Bouguen et Anthony Buisson, quant à eux, nous aident à choisir le traitement le plus approprié en première ligne dans la RCH, ou en seconde ligne dans la maladie de Crohn, lorsque l'on ne peut plus utiliser les anti-TNF. L'étude CESAME avait permis d'établir le profil de sécurité de l'azathioprine dans les MICI. Le projet I-CARE 1, qui va prochainement dévoiler ses premiers résultats, permettra enfin d'évaluer et de comparer l'efficacité et la tolérance des biothérapies que nous utilisons dans notre pratique quotidienne (anti-TNF, ustékinumab, védolizumab), et donc de savoir comment positionner chacune de ces molécules. Le projet I-CARE 2, qui verra bientôt le jour, nous permettra dans un horizon plus lointain de comparer les nouvelles biothérapies (dont les bloqueurs de l'interleukine-23) aux petites molécules (anti-JAK et modulateurs de la S1P).

Bonne lecture !


Liens d'intérêt

L. Peyrin-Biroulet déclare avoir des liens d’intérêts avec AbbVie, Amgen, ­Celltrion, Ferring, Galapagos, Janssen, MSD, Pfizer, Sandoz, Takeda, Viatris.