Que 2025 soit une année sous le signe de la résilience et de l’optimisme ! En 2024, 48 % des 406 ORL ayant répondu à un questionnaire émanant du conseil national professionnel d’ORL (CNPORL) ont déclaré être en burn-out, dont 5 % en burn-out sévère [1]. Le burn-out se définit comme un épuisement émotionnel en lien avec un travail à un niveau extrêmement exigeant, épuisement qui conduit à un cynisme et une perte de compassion envers les patients et l’entourage (dépersonnalisation). Même si les participants à cette enquête ne représentent que 14 % des ORL français et comportent davantage de femmes et d’hospitaliers que la population nationale, ce chiffre reste cependant effarant. Les principaux facteurs associés seraient les problèmes liés aux interactions sociales avec les collaborateurs, la pression médicolégale, un antécédent de burn-outidentifié, mais également, à un moindre degré, l’âge de moins de 50 ans et une insatisfaction vis-à-vis de la rémunération.
De nombreux autres facteurs contribuent probablement à ce chiffre élevé et mériteraient d’être évalués : poids croissant des tâches administratives, exigence et revendications de certains patients qui considèrent le médecin comme un prestataire de service devant répondre en urgence à la moindre requête, absence de revalorisation des actes qui pourraient permettre de recruter des assistants médicaux afin de déléguer certaines tâches ou d’acquérir des outils technologiques facilitant la prise en charge des patients, surcharge professionnelle liée à la diminution du nombre de praticiens et conduisant à une réduction du temps consacré aux activités sociales, au sport, à la famille et au repos...
À la lumière de ces résultats, quelles résolutions prendre en 2025 pour se préserver, garder son dynamisme et éviter l’épuisement professionnel qui altère la qualité de vie du praticien et celle des soins délivrés au patient ?
- Se rappeler chaque matin que, dans un pays libre comme la France, l’on exerce une profession dont la variété est source de satisfactions, en particulier du fait des nombreuses options de conditions d’exercice (libéral ou hôpital, ville ou campagne, seul ou cabinet de groupe, activité médicale pure ou médicochirurgicale, etc.) ;
- s’orienter vers une hyperspécialisation dans un sous-domaine qui stimule notre intérêt : sommeil, explorations audiovestibulaires, allergologie, médecine esthétique, médecine hyperbare… Les choix sont multiples et l’accès aux formations relativement aisé ;
- rester curieux, avide d’apprentissage en se réservant quelques heures par mois pour la lecture de la presse médicale, désormais facilement accessible sur internet, assister aux webinaires de haut niveau proposés par les sociétés savantes, voir les replays sur YouTube ou dans les médiathèques des sociétés savantes (Société française d’ORL, Société française d’audiologie, etc.) ;
- se réjouir de pouvoir bénéficier d’une formation continue nationale de grande qualité, joindre l’utile à l’agréable en assistant en présentiel aux nombreux congrès organisés en France (Société française d’ORL (SFORL), Société française d’audiologie (SFA), Société internationale francophone d’ORL (SIFORL), Assises Face et Cou, Association française du sommeil en ORL (AFSORL), Association française de rhinologie (AFR), Association française d’ORL pédiatrique (AFOP), Otoforum, Société française de phoniatrie et de laryngologie (SFPL), Société française de carcinologie cervicofaciale (SFCCF), Journée du collège ORL, Association francophone des équipes pluridisciplinaires en acouphénologie (AFREPA), Action connaissance formation pour la surdité (ACFOS)...) ;
- échanger avec ses collègues sur des prises en charge difficiles et sur tous les petits tracas du quotidien pour, finalement, en relativiser l’impact ;
- découvrir et s’approprier les nouveaux outils technologiques (nouvelles techniques d’imagerie, chirurgie robotisée, exoscope, intelligence artificielle, etc.) et thérapeutiques (biothérapies, immunothérapies, thérapies géniques, etc.) ;
- travailler en réseau et en collaboration étroite avec les autres spécialités médicales et paramédicales,
- former les plus jeunes, transmettre son expérience ;
- se féliciter du service rendu aux patients qui entendent ou respirent mieux, dorment bien, sont moins fatigués, ont moins de vertiges, se trouvent plus beaux, sont guéris d’une pathologie grave avec un minimum de séquelles, etc., mais également de l’écoute et accompagnement apportés aux autres patients qui gardent des symptômes et une plainte ;
- se souvenir chaque soir du sourire d’un enfant soulagé de ses douleurs et du merci des patients reconnaissants de notre accueil, expertise et empathie.
Nous espérons que la lecture des articles riches et variés de La Lettre d’ORL contribuera à ce que 2025 soit une très belle année pour nos lecteurs, afin qu’ils exercent avec sérénité ce métier passionnant aux multiples facettes, qui doit être une source d’épanouissement personnel et non d’épuisement. Tous nos vœux
pour cette nouvelle année !