Éditorial

Chicago 2023 haut en couleur


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Cette année, le Congrès américain en oncologie clinique a repris des couleurs après quelques années frustrantes de réunions en visioconférence, comme vous le lirez dans les points forts recueillis par les envoyés spéciaux de La Lettre du Cancérologue.

Commençons avec Denis Moro-Sibilot et Nicolas Girard par une note d’optimisme : la survie s’est améliorée en 20 ans, quel que soit le type histologique de cancer bronchique ; c’est ce que démontre l’étude française KBP-2020-CPHG. Des années 2000 jusqu’à aujourd’hui, le taux de mortalité de la cohorte a diminué de près de 20 %. De nombreuses études étaient ensuite consacrées aux thérapies ciblées, allant du ciblage d’EGFR à celui de BRAFV600E en passant par ceux de KRASG12C, ALK et ROS1. L’immunothérapie n’a pas été oubliée, avec des résultats intéressants en situations préopératoire et périopératoire. Citons encore une étude originale en situation de 2e ligne de traitement qui utilise un dispositif de champs électriques basse fréquence TTF. Les cancers bronchiques à petites cellules ont aussi retenu l’attention avec la lurbinectedine et les anticorps bispécifiques DLL3/CD3 engageant les cellules T.

L’équipe de Jean-Yves Pierga et Véronique Diéras a passé au peigne fin le traitement des cancers du sein. On retient, tout d’abord, les résultats de l’étude NATALEE incluant 5 101 patientes en situation adjuvante, qui a évalué l’association ribociclib et hormonothérapie. Cette combinaison a permis d’améliorer significativement la survie sans récidive et de réduire le risque de métastases à distance. Notons, ensuite, le patritumab déruxtécan, nouvel anticorps conjugué ciblant HER3, qui démontre une activité intéressante dans une étude de phase II.

Tournons-nous vers la gynécologie. Pour Thibault de la Motte Rouge et al., comme présentée pendant ce congrès, l’immunothérapie s’impose comme traitement incontournable dans les cancers de l’utérus avancés. Les anticorps conjugués font aussi leur entrée pour traiter les cancers gynécologiques, avec de nouvelles molécules et des molécules aux effets déjà connus dans d’autres tumeurs, donnant, cette fois-ci, des résultats spectaculaires dans les cancers de l’utérus et de l’ovaire surexprimant HER2.

Le tandem Jean-Baptiste Bachet et David Malka nous offre une vue précise des points forts en cancérologie digestive. Ils soulignent les améliorations observées dans les cancers du rectum. Ils insistent sur l’intérêt de la chimiothérapie ­
intra-­artérielle­, après résection d’au moins 4 métastases, pour un cancer colique. La combinaison bévacizumab et immunothérapie est intéressante après ablation d’un carcinome hépatocellulaire à haut risque de récidive. Enfin, l’association chimiothérapie et immunothérapie s’inscrit comme un progrès dans les cancers biliaires avancés.

Le résumé de Philippe Beuzeboc et al. vous donnera une vision globale des progrès dans les cancers de la prostate et les cancers urothéliaux.

Pour les cancers de la tête et du cou, l’attention de Stéphane Hans et al. a été retenue par les résultats positifs d’une immunothérapie associée à un vaccin thérapeutique anti-HPV, ainsi que d’une combinaison immunothérapie et chimiothérapie dans les cancers avancés. Les auteurs s’intéressent aussi à la possibilité d’utiliser une immunochimiothérapie comme traitement exclusif pour une préservation laryngée.

Gardons enfin nos sens en éveil pour apprécier les avancées en hématologie grâce à la plume de Laurence Legros, en dermatologie via les articles de Sandrine Monestier, et dans les soins de support par l’entremise de Florian Scotté et de Mario Di Palma.

Merci à tous les rédacteurs et à l’équipe de La Lettre du Cancérologue pour ce travail de grande valeur.

Bonnes vacances !


Liens d'intérêt

J.F. Morère déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.