Dans ce numéro de La Lettre du Cancérologue, nous avons choisi de vous proposer plusieurs articles sur les toxicités des agents anticancéreux que nous utilisons au quotidien, sous le prisme de la pratique clinique. Au-delà de la compréhension des mécanismes et de la chronologie de ces événements indésirables, l’enjeu est non seulement leur prise en charge, mais surtout leur prévention dès l’instauration du traitement.
La prise en charge de ces toxicités repose aujourd’hui sur des algorithmes précis, basés sur leur sévérité, mais aussi prenant en compte l’évolutivité oncologique, les possibilités de modulation des doses des traitements, et les comorbidités des patients. Lors du congrès de l’ESMO 2025, il était demandé aux orateurs de ne plus utiliser le terme de toxicité “manageable”, intégrant le savoir expérientiel des patients dans cette prise en charge pour optimiser leur qualité de vie.
La prévention des toxicités est un enjeu important ; au-delà des pratiques cliniques, de nombreux essais cliniques évaluent aujourd’hui des protocoles standardisés de prophylaxie des événements indésirables. Un exemple en oncologie thoracique est l’essai COCOON, conduit avec l’amivantamab, inhibiteur bispécifique de l’EGFR et de MET, qui avait pour objectif principal de déterminer si l’incidence des effets indésirables cutanés de grade supérieur ou égal à 2 peut diminuer grâce à l’administration préventive d’antibiotiques, de topiques et de crème hydratante. En plus de ces études, la collecte, numérisée et continue, des patient-reported outcomes complète l’évaluation des toxicités, réalisée et formalisée par l’équipe médicale.
L’enjeu est évidemment l’optimisation de l’administration des traitements, afin d’assurer la reproductibilité en vie réelle, des résultats des essais cliniques princeps ; l’organisation de parcours multidisciplinaires de gestion et de prévention de ces toxicités devient un besoin pour nos pratiques.

