30 ans de progrès

Traitement pharmacologique de l’insuffisance cardiaque

Mis en ligne le

30 avr. 2025

Auteur

Pr Michel Komajda

Peu de domaines de la cardiologie ont connu un bouleversement de l’ampleur de celui observé dans la prise en charge de l’insuffisance cardiaque (IC) depuis la fin du XX^e siècle. Cette pathologie demeure un sujet de préoccupation en termes de santé publique car elle affecte un nombre important de patients (1 à 2 % de la population générale), notamment les personnes âgées chez qui elle est la première cause d’hospitalisations, et qu’elle est associée à une mortalité élevée et à un confort de vie très altéré, non seulement en raison de symptômes invalidants, mais aussi parce qu’elle entraîne des hospitalisations récurrentes et prolongées. On a cependant assisté à des progrès thérapeutiques majeurs tant dans le domaine de la pharmacologie que dans celui des dispositifs implantables, qui ont conduit à une amélioration spectaculaire de la morbimortalité associée à cette condition. L’objet de cette revue est donc de revoir les principales étapes des progrès accomplis dans le domaine de la pharmacologie.

Les traitements historiques Dans les années 1970, la prise en charge de l’insuffisance cardiaque (IC) se résumait au régime sans sel, à la prescription de diurétiques mercuriels puis des diurétiques de l’anse, des digitaliques et au repos prolongé au lit pendant plusieurs semaines devant l’apparition d’une IC. À cette époque, les bêtabloquants étaient contre-indiqués car on pensait que leur prescription, qui était d’ailleurs faite d’emblée à forte dose comme dans l’hypertension artérielle, était de nature à aggraver la situation du fait de l’effet inotrope négatif. La conception physiopathologique…