L’intégration de l’intelligence artificielle (IA) en gynécologie-obstétrique marque une étape cruciale dans l’évolution des pratiques médicales. Longtemps perçue comme un concept avant-gardiste, l’IA s’impose aujourd’hui comme un outil incontournable, apportant des solutions innovantes dans le diagnostic, la prise en charge et le suivi des patientes. De l’endométriose à l’oncologie gynécologique, en passant par les essais cliniques, la chirurgie et l’échographie fœtale, les avancées technologiques redéfinissent les contours de la discipline, offrant des perspectives inédites pour les professionnels de santé.
Par sa capacité à analyser rapidement et précisément des volumes massifs de données, l’IA joue un rôle déterminant dans la détection précoce des pathologies. Dans le domaine du dépistage, l’IA révolutionne les pratiques, notamment en mammographie. En réduisant le taux de faux positifs et en optimisant la charge de travail des radiologues, elle améliore la précision du diagnostic et facilite l’identification des lésions suspectes. En anatomopathologie, l’IA permet une analyse plus fine des lames numérisées, contribuant à une meilleure détection des anomalies. En oncologie gynécologique, elle perfectionne la lecture d’imagerie médicale et optimise la stratification des risques, offrant ainsi une personnalisation accrue des traitements. Dans le domaine de la radiothérapie, l’IA permet une planification plus fine des traitements et une optimisation des doses délivrées aux patientes, limitant ainsi les effets indésirables et améliorant les chances de succès thérapeutique.
L’IA trouve également sa place dans le suivi post-traitement des patientes atteintes de cancers gynécologiques. Grâce aux modèles de prédiction des récidives et à l’analyse en temps réel des paramètres biologiques et cliniques, elle aide à ajuster les stratégies thérapeutiques et à améliorer la surveillance à long terme, renforçant ainsi la qualité et la réactivité des soins.
En parallèle, son application en chirurgie, notamment via des robots intégrant certains de ses modèles et des simulateurs chirurgicaux personnalisés, révolutionne la précision des interventions et la formation des praticiens.
Son impact se fait également ressentir dans les essais cliniques, où elle facilite la conception des protocoles et l’analyse des données complexes, accélérant ainsi la mise au point de nouvelles stratégies thérapeutiques.
Au-delà de l’oncologie, l’IA transforme également la prise en charge des pathologies bénignes. Concernant l’endométriose, elle contribue à réduire considérablement le délai diagnostique, qui demeure un enjeu majeur pour les patientes. Le développement de tests salivaires fondés sur des microARN, couplés à l’IA, offre une solution non invasive avec une sensibilité et une spécificité élevées. En croisant les données issues de l’imagerie, de la biologie et des antécédents médicaux, l’IA permet d’établir des modèles prédictifs affinés, facilitant ainsi le dépistage et la prise en charge personnalisée des patientes. Par ailleurs, en assistance médicale à la procréation, elle améliore les diagnostics dans le domaine de la fertilité et optimise la sélection des embryons, ce qui permet d’accroître les taux de grossesses et de naissances.
Toutefois, malgré ces avancées prometteuses, des défis subsistent. L’interprétabilité des modèles, la protection des données et l’acceptabilité éthique demeurent des enjeux majeurs. L’IA ne saurait remplacer l’expertise clinique, mais elle constitue un levier puissant pour améliorer la qualité et l’efficacité des soins. Il est donc essentiel d’adopter une approche rigoureuse dans le développement et l’évaluation des algorithmes afin d’éviter les biais et de garantir la sécurité des patientes. De plus, l’intégration de ces technologies au sein des infrastructures hospitalières nécessite un effort concerté en matière de formation des professionnels de santé et d’adaptation des cadres réglementaires.
Parallèlement à ces avancées, Paris a récemment accueilli le Sommet international pour l’action sur l’intelligence artificielle, réunissant des chefs d’État, des dirigeants d’entreprises technologiques, des chercheurs et des représentants de la société civile. Cet événement devrait permettre d’établir des recommandations pour une gouvernance mondiale de l’IA, en mettant l’accent sur une approche éthique, durable et inclusive. Les discussions ont porté notamment sur l’application de l’IA dans divers secteurs, dont la santé, avec pour objectif de maximiser les bénéfices tout en maîtrisant les risques associés. Cette dynamique internationale souligne la nécessité d’une collaboration accrue entre chercheurs, cliniciens et décideurs pour exploiter pleinement le potentiel de l’IA, en particulier au service de la santé des femmes.
Ce numéro spécial explore les multiples facettes de cette révolution en cours (la 4e révolution industrielle !), au travers des contributions d’experts qui analysent les applications concrètes et les perspectives d’avenir de l’IA en gynécologie-obstétrique. La médecine de demain s’annonce plus précise, plus personnalisée et plus connectée : à nous d’en accompagner les transformations avec discernement et rigueur scientifique.
Bonne lecture, bonne année 2025 pour vous et vos proches !

