Dans ce numéro de La Lettre du Pharmacologue, dont le dossier est intitulé “Pharmacologie de l’inflammation”, nous souhaitons explorer la relation à double sens entre les médicaments et l’inflammation. En effet, des traitements médicamenteux innovants, notamment les anticorps monoclonaux et les inhibiteurs de Janus kinase (JAK), ont été spécialement conçus pour lutter contre les maladies inflammatoires, mais l’inflammation elle-même peut aussi altérer l’efficacité des médicaments. Une telle dynamique rend l’approche thérapeutique de ces pathologies d’autant plus complexe.
Les maladies inflammatoires, qu’elles soient d’origine auto-immune, infectieuse ou liées à des déséquilibres métaboliques, nécessitent une prise en charge adaptée et de plus en plus ciblée. Les traitements récents, notamment les anticorps monoclonaux, ont transformé la gestion de nombreuses pathologies inflammatoires en permettant de moduler spécifiquement les mécanismes sous-jacents de l’inflammation. Leur développement marque une avancée majeure dans le traitement de maladies comme la polyarthrite rhumatoïde ou la maladie de Crohn, et le développement continu de nouvelles molécules permet d’élargir le spectre des pathologies inflammatoires prises en charge. Dans un autre domaine, les inhibiteurs de JAK, tels que le baricitinib, ont élargi les options thérapeutiques dans les pathologies inflammatoires à médiation immunitaire. Cependant, l’introduction de ces traitements soulève aussi des questions de pharmacovigilance, notamment en ce qui concerne leurs effets à long terme. Le baricitinib, par exemple, a suscité une attention particulière en raison de son impact potentiel sur le système immunitaire et de la nécessité d’un suivi du risque d’infections et de complications cardiovasculaires.
La pharmacologie de l’inflammation ne se limite pas à la prise en charge médicamenteuse des pathologies inflammatoires. L’inflammation peut également avoir un rôle clé dans la réponse aux traitements. L’inflammation systémique, fréquemment observée en réanimation, peut en effet perturber la pharmacocinétique des médicaments, rendant leur efficacité variable d’un patient à l’autre. L’étude de l’effet de l’inflammation sur la réponse aux médicaments représente une thématique en pleine expansion, avec l’objectif de décrire les mécanismes sous-jacents à cette variabilité. Cette compréhension est essentielle pour la personnalisation des traitements médicamenteux : une approche indispensable dans une ère de médecine de précision. Des outils d’optimisation de la réponse aux traitements sont actuellement disponibles, permettant d’individualiser les posologies et les stratégies thérapeutiques en fonction des caractéristiques individuelles des patients et de l’intensité de l’inflammation.
Ainsi, l’inflammation constitue à la fois un terrain de traitement pour de nombreux médicaments et un facteur modifiant leur efficacité. Ce numéro de La Lettre du Pharmacologue vous invite à explorer ces enjeux. Nous espérons que ce dossier vous apportera des éclairages précieux sur les mécanismes biologiques complexes de l’inflammation et sur les stratégies pharmacologiques de demain.
Bonne lecture à toutes et à tous !