Retrouvez les contenus Edimark
sur l'application mobile
Éditorial

La vaccination : amie ou ennemie ?


(pdf / 72,80 Ko)

Depuis ses origines, la vaccination suscite des débats passionnés en matière de santé publique, oscillant entre reconnaissance de ses succès et défiance relayée et amplifiée par les mouvements antivaccination. Ces derniers ont connu un regain de visibilité, notamment avec l’extension des vaccinations obligatoires chez les enfants et la campagne de vaccination contre le Covid-19. Ils ont trouvé leur héros avec l’arrivée d’un pourfendeur notoire de la vaccination à la tête du ministère de la Santé des États-Unis.

Les vaccins sont des médicaments qui ont la particularité d’être le plus souvent administrés à des personnes non malades, dans une optique de prévention d’une maladie potentielle. Comme tout médicament, ils sont caractérisés par un bénéfice et un risque. Le bénéfice porte généralement, à titre individuel, sur la réduction de la probabilité de survenue d’une maladie ou de sa morbidité ; et à titre collectif, sur une protection potentielle liée à la couverture vaccinale de la population. La perception du bénéfice est parfois difficile à apprécier par le public, car on peut prendre le risque d’espérer échapper à la maladie, ce qui contribue à minimiser le bénéfice attendu. D’autre part, l’intérêt collectif perd de sa force dans une société de plus en plus individualiste. À l’inverse, le risque, même s’il est, par définition, inférieur à celui de la maladie, est bien réel et concerne toutes les personnes, y compris celles qui auraient pu échapper à la maladie. Cette asymétrie entre un bénéfice incertain, voire perçu comme étant “pour les autres”, et un risque tangible, constitue un élément idéal pour la désinformation et la défiance. La transparence absolue de la pharmacovigilance des vaccins pendant la crise du Covid-19, sur le terreau favorable d’une population ayant une faible culture de la notion de rapport bénéfice/risque, a été du pain bénit pour des acteurs peu scrupuleux, qui ont pu manipuler avec succès ces données à des fins idéologiques, financières ou de déstabilisation sociétale.

Pourtant, si l’on reprend l’histoire, les bénéfices de la vaccination sont indiscutables tant sur le plan individuel que collectif. Elle a contribué à réduire la mortalité infantile, a permis l’éradication de la variole, la quasi-disparition des cas de poliomyélite, des décès dus à la rougeole et au tétanos. Grâce à elle, des millions de morts ont pu être évités pendant l’épidémie de Covid-19. Elle apparaît maintenant comme un facteur capable de réduire l’encombrement critique des services d’urgence et de pédiatrie lors des pics épidémiques du virus respiratoire syncytial (VRS) chaque hiver, ainsi que de diminuer l’incidence des cancers liés au papillomavirus humain (HPV).

Toutefois, la vaccination ayant cette particularité d’être administrée à des personnes non malades, ses risques doivent être parfaitement maîtrisés, et la sécurité des vaccins doit être strictement évaluée. Comme pour tout médicament, les études cliniques doivent être réalisées avec la plus grande rigueur scientifique, dans la population cible de la campagne vaccinale, sur un effectif de taille suffisante, et sous une surveillance stricte des événements indésirables (lors des essais cliniques, puis après la mise sur le marché du vaccin), en particulier lorsqu’ils sont graves, afin de permettre d’élaborer des stratégies de minimisation du risque adaptées.

C’est en transgressant ces principes de base qu’une campagne de vaccination de patients de plus de 65 ans a été instaurée contre le chikungunya avec le vaccin Ixchiq® (Valneva), alors que les essais cliniques n’avaient porté que sur des patients jeunes. Élément aggravant, la pharmacovigilance dans les DROM ne dispose que de moyens particulièrement limités. Pour autant, le système de pharmacovigilance a rempli au mieux sa mission et a pu lancer une alerte qui a contribué à adapter la campagne de vaccination après investigation de 2 cas de personnes âgées présentant des symptômes semblables à ceux d’une forme grave de la maladie. Ces manifestations cliniques, a priori dues au virus vaccinal atténué, sont apparues quelques jours après la vaccination. L’un de ces patients est malheureusement décédé. La campagne vaccinale a ainsi été stoppée rapidement chez les plus de 65 ans, population pour laquelle le risque spécifique n’avait pas été évalué dans les essais cliniques.

Les vaccins sont des armes essentielles au service de la santé publique ; ainsi, il faut être particulièrement rigoureux dans leur mise en œuvre, ainsi que dans la pédagogie et la communication dévolue à leur usage. Faute de quoi, ils peuvent nourrir les discours de ceux qui préféreraient revenir à un “ordre naturel” avec son cortège de maladies et de morts évitables.

Ce dossier de La Lettre du Pharmacologue aborde plusieurs enjeux de la vaccination. Après une synthèse des grands types de vaccins, il détaille des thématiques d’actualité : la vaccination contre le VRS, récemment recommandée chez les femmes enceintes, et la vaccination contre le HPV, dont la stratégie de rattrapage vient d’être étendue jusqu’à l’âge de 26 ans au vu des premiers résultats encourageants quant à sa capacité à réduire l’incidence de plusieurs cancers.

Éduquer, informer, expliquer, nuancer sont autant d’impératifs pour que les vaccins, qui sont des médicaments pas tout à fait comme les autres, puissent conserver tout leur intérêt, tant pour la santé individuelle que pour la santé publique.


Liens d'intérêt

M. Molimard déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet éditorial.

Connectez-vous à votre compte
Inscrivez-vous gratuitement

Identifiant / Mot de passe oublié


Vous avez oublié votre mot de passe ?


Vous avez oublié votre identifiant ?

Consultez notre FAQ sur les problèmes de connexion ou contactez-nous.

Vous ne possédez pas de compte Edimark ?

Inscrivez-vous gratuitement

Pour accéder aux contenus publiés sur Edimark.fr vous devez posséder un compte et vous identifier au moyen d’un email et d’un mot de passe. L’email est celui que vous avez renseigné lors de votre inscription ou de votre abonnement à l’une de nos publications. Si toutefois vous ne vous souvenez plus de vos identifiants, veuillez nous contacter en cliquant ici.