Le dépistage du cancer du sein est essentiel à un diagnostic précoce, lui-même associé à une réduction de la morbidité et de la mortalité. En France, a été mis en place depuis le début des années 2000, un dépistage organisé du cancer du sein au même titre que les dépistages du cancer colorectal et du col utérin.
Le dépistage organisé concerne, à l’heure actuelle, les femmes âgées de 50 à 74 ans via l’envoi d’une invitation à participer tous les 2 ans. Ce système est géré par la Sécurité sociale, et sa prise en charge à 100 % par l’Assurance maladie permet aux femmes de n’avancer aucun frais. Il fait appel à un large panel de radiologues spécifiquement formés sur tout le territoire. Une mammographie, éventuellement couplée à une échographie, est alors réalisée avec une double lecture pour en améliorer la performance. L’utilisation de la tomosynthèse peut apporter un bénéfice dans certains cas, mais elle est en cours de validation par la Haute Autorité de santé dans le cadre du dépistage organisé. Michel Richa et Corinne Bordonné exposent la place des différentes imageries, en particulier la tomosynthèse, afin d’affiner un diagnostic en cas de distorsion architecturale ou de masse difficilement analysable.
La participation actuelle au programme de dépistage ne dépasse pas les 50 % de la population des femmes françaises, avec une répartition très inégale sur le territoire. Un dépistage individuel, sur prescription médicale, peut également être proposé : il sera alors personnalisé selon l’âge, les antécédents personnels ou familiaux, la densité mammaire, etc., mais ne comportera pas de seconde lecture. Lucie Véron et Suzette Delaloge présentent un dépistage personnalisé tel qu’il est proposé à l’institut Gustave-Roussy. Corinne Balleyguier et al. exposent les raisons de cette personnalisation, les populations concernées et les méthodes pour mettre en œuvre ce type de dépistage.
Si le dépistage organisé débute à 50 ans en France, quelques pays, en particulier les États-Unis, le préconise dès 40 ans. Certains gynécologues français le proposent également dès cet âge, en particulier dans un contexte de facteurs de risque. La femme a ainsi une première mammographie dite de référence. Après 74 ans, et à l’inverse du dépistage du cancer du col utérin pour lequel la physiopathologie est très différente, le dépistage individuel doit continuer sans limite d’âge. Cette limite supérieure du dépistage organisé est fixée pour le cancer du sein uniquement sur une base économique dite analyse coût-efficacité.
En cas d’antécédents personnels de cancer du sein, de pathologie mammaire à risque ou d’irradiation thoracique, la surveillance doit se faire selon un protocole standardisé, habituellement suivant un rythme annuel, en y associant une échographie, voire une IRM dans certains cas.
Christine Rousset-Jablonski précise les recommandations chez les femmes à haut risque de cancer du sein. Chez ces dernières, le dépistage commence plus tôt en s’adaptant, si nécessaire, à l’âge de survenue des cancers dans la famille, ou à l’âge d’une éventuelle irradiation thoracique. L’IRM mammaire occupe, dans ces populations, une place de premier ordre.
Certaines critiques ont pu être émises à l’encontre du programme de dépistage en raison de facteurs tels que l’irradiation non négligeable, la possibilité de cancers radio-induits, de faux négatifs avec réassurance néfaste, ou de faux positifs à l’origine de surtraitement, mais qui sont bien inférieurs aux bénéfices obtenus, comme le souligne fort justement Marc Espié dans son article.
L’intelligence artificielle (IA) est en plein développement, et nul doute qu’elle sera d’une grande utilité pour améliorer la performance du radiologue, en particulier dans le domaine du dépistage du cancer du sein pour détecter plus tôt encore la maladie et pour pallier le manque de radiologues nécessaires à la seconde lecture systématique. Luc Ceugnart précise dans son article que la place de l’IA dans un programme de dépistage organisé est cependant encore loin d’être définie.
Les auteurs de ce dossier, que nous remercions tous chaleureusement, nous permettent d’approfondir, avec leur très grande expertise, chaque question posée autour du dépistage organisé du cancer du sein.
Nous vous souhaitons une bonne lecture !