Depuis sa première description, en 1963, par l’équipe du Dr Jean Holzworth à Boston, la péritonite infectieuse féline (PIF) n’a cessé de susciter un intérêt considérable au sein de la communauté vétérinaire et parmi les propriétaires de chats. Cette affection fatale a longtemps été une maladie redoutée par sa gravité ; son diagnostic tardif et l’absence de traitements efficaces laissaient, en outre, peu de place à l’espoir. L’épidémie mondiale de Covid-19 a marqué un tournant décisif dans l’histoire de cette maladie, et le nombre de publications à son sujet a considérablement augmenté à partir de 2019.
Jusqu’en 2018, année où l’antiviral GS-441524 a été utilisé pour la première fois dans le cadre d’infections expérimentales, la PIF représentait la principale cause de décès d’origine infectieuse chez le chat, dont l’incidence variait de 0,3 à 1,4 % des décès dans cette espèce. Le seul recours thérapeutique consistait alors en des traitements symptomatiques, souvent peu efficaces pour inverser l’évolution de la maladie.
En 2019, l’équipe du Pr N.C. Pedersen publie ce qui constituera l’étude historique de l’utilisation injectable du GS-441524 lors d’une infection naturelle [1]. Une efficacité clinique significative est alors démontrée sur une trentaine de chats : c’est la première lueur d’espoir dans la prise en charge de cette maladie.
De 2019 à 2024, s’ensuit alors une période marquée par une abondance de publications validant le bénéfice indiscutable et spectaculaire de cet antiviral. Durant ces années, les praticiens sont confrontés à l’indisponibilité frustrante de ce produit et à la suprématie de groupes anonymes présents sur les réseaux sociaux qui approvisionnent illégalement les propriétaires de chats désemparés.
Depuis août 2024, la commercialisation de la préparation magistrale de GS-441524 en France a permis aux vétérinaires d’avoir enfin un accès légal à l’antiviral, plaçant, encore plus que jamais, la PIF au cœur des préoccupations. Vétérinaires et propriétaires sont désormais soulagés de pouvoir compter sur un traitement qui répond aux exigences d’un médicament : traçabilité, contrôle de la qualité pharmaceutique du produit délivré, garantie sur la concentration en principe actif.
La révolution thérapeutique apportée par le GS-441524 marque indéniablement un tournant historique comme il en existe peu en médecine vétérinaire. Évidemment, la recherche doit se poursuivre pour affiner et parfaire encore notre utilisation de l’antiviral, optimiser la gestion des cas possiblement réfractaires ou récidivants et étudier les effets à long terme du traitement.
Bien que l’accès au GS-441524 ait littéralement transformé la manière dont les vétérinaires perçoivent la maladie, le diagnostic de la PIF reste encore, dans certains cas, un défi pour les cliniciens. Certaines formes de la maladie sont particulièrement discrètes ou atypiques, les prélèvements nécessaires (notamment l’humeur aqueuse ou le liquide cérébrospinal) peuvent être difficiles à obtenir, et la sensibilité ainsi que la spécificité des analyses par RT-PCR sont imparfaites.
Ainsi, l’année 2025 ne pouvait donc commencer sans mettre la lumière sur cette révolution médicale tout en explorant les subtilités diagnostiques que doit maîtriser le clinicien pour établir un diagnostic définitif avant d’indiquer l’usage de l’antiviral. ●

