Éditorial

La pratique avancée en psychiatrie et santé mentale : une réponse à des attentes fortes dans ce domaine


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Le contexte de l’offre de soins en psychiatrie et santé mentale est aujourd’hui paradoxal et exceptionnel : d’un côté, une pression difficilement soutenable, avec une crise profonde d’attractivité de la discipline, régulièrement exacerbée par les tentations de lui confier une mission de contrôle social à chaque fait divers tragique, et par la reprise lancinante de la complainte “du naufrage ou de l’abandon” de la psychiatrie ; de l’autre côté, une prise de conscience collective de l’enjeu majeur de la santé mentale et un engagement politique et financier au plus haut niveau, inédit et soutenu dans la durée – il a précédé la crise sanitaire ; elle l’a amplifié –, en faveur de la santé mentale et de la psychiatrie (1,4 milliard d’euros mobilisés pour la feuille de route “santé mentale et psychiatrie” de 2018 à 2021 ; 1,9 milliard d’euros supplémentaires pour 2022‑2026 avec les mesures des Assises de septembre 2021).

Beaucoup a été fait via les trois axes concomitants de la feuille de route (promotion-prévention/parcours de soins/accompagnement social). Mais il reste beaucoup à faire, notamment pour relancer l’attractivité de la discipline psychiatrique. La pratique avancée infirmière en est un des leviers prometteurs.

Nous pouvons nous réjouir en effet qu’elle progresse incontestablement, avec une bonne dynamique de formation. Les contenus de formation sont plébiscités, les premiers retours d’expérience en provenance du terrain sont très encourageants. Pourtant, des efforts restent à concéder pour que l’espoir suscité par la création de ce nouveau métier ne soit pas déçu et que l’ambition portée soit atteinte.

Plus généralement, la valeur ajoutée des IPA connaît une reconnaissance grandissante dans de nombreux domaines : enrichissement du parcours patients, aide à la coordination et renforcement de la collaboration IPA/médecin avec libération du temps médical. De plus, les spécificités de la consultation IPA commencent à être mieux maîtrisées (les consultations sont plus longues et plus approfondies).

Certaines difficultés émergent qu’il va falloir rapidement dépasser : le modèle économique en ville est peu viable ; le manque d’infirmiers diplômés d’État amène certains établissements à utiliser les IPA en remplacement ; l’adressage du médecin peut ralentir le parcours du patient (l’arrivée de l’accès direct devrait améliorer ce point) ; et des difficultés d’implantation dues à la mauvaise connaissance du métier persistent.

Ne nous trompons pas, les espoirs et l’ambition sont intacts. L’installation dans les parcours de soins et d’accompagnement d’un nouveau métier nécessite du temps et des ajustements pour occuper une place spécifique, afin que les habitudes de coopération changent et s’améliorent à la faveur de la valeur ajoutée apportée par les IPA qui est désormais reconnue. La création récente d’un poste de cheffe de mission pour la pratique avancée à la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) témoigne de la volonté du ministère de la Santé et de la Prévention d’accompagner le développement de ce métier.