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Alimentation bio et cancer : affaire à suivre !

Mis en ligne le 16/01/2019

Mis à jour le 16/01/2019

Auteurs : Ariane Sultan

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Parmi les facteurs de risque environnementaux impliqués dans la survenue des cancers, de plus en plus de données semblent impliquer l'exposition aux pesticides. En parallèle, la consommation d'aliments bio poursuit sa progression, l'appellation bio interdisant l'utilisation d'engrais, de pesticides de synthèse (mais les pesticides naturels sont autorisés), d'OGM, et limitant les traitements vétérinaires. Étant donné le faible contenu en pesticides des produits bio, il paraîtrait logique que les consommateurs bio aient un risque plus faible de cancer.

L'étude présentée est issue de la cohorte française NutriNet-Santé. L'objectif de cette étude était de déterminer l'association entre fréquence (rapportée en : la plupart du temps ; à l'occasion ; jamais, trop cher ; jamais, produit non disponible ; jamais, je ne suis pas concerné(e) ; jamais, sans raison particulière ; jamais, j'évite de tels produits ; je ne sais pas) de consommation d'aliments bio (16 produits) et risque de cancer. Un score de consommation bio était calculé.

L'analyse a porté sur 68 946 adultes, suivis en moyenne pendant 4,56 années. Parmi les participants, 78,0 % étaient des femmes (moyenne d'âge à l'inclusion 44,2 ans). Pendant le suivi, 1 340 cas de cancer ont été recensés (34,3 % de cancers du sein, 13,4 % de cancers de la prostate, 10,1 % de cancers cutanés, 7,4 % de cancers colorectaux, 3,5 % de lymphomes malins non hodgkiniens et 1,1 % d'autres lymphomes). Un profil consommateur bio est évidemment retrouvé dans cette étude (femme, niveau d'éducation, revenus mensuels élevés), un mode alimentaire de type “alimentation santé” est également associé à l'alimentation bio. Après ajustement sur tous ces facteurs confondants, un score élevé d'alimentation bio est associé à une réduction significative du risque de cancer (− 25 %), dont une réduction du cancer du sein postménopausique (− 34 %), du risque de lymphome malin non hodgkinien (− 86 %) et du risque de lymphome (− 76 %). La plus forte association est mise en évidence dans le sous-groupe de sujets obèses.

Cette étude est l'une des premières à décrire l'association entre score élevé d'alimentation bio et réduction du risque de cancer sur une grande cohorte. Il est important de noter que tous les sites de cancer ne sont pas concernés, et que la population de personnes présentant une obésité semble particulièrement touchée par cette réduction du risque. On soulignera cependant qu'il s'agit de données déclaratives basées sur le volontariat des sujets, avec une durée de suivi assez courte et donc un faible nombre de cancers, notamment pour les lymphomes. Enfin, aucun dosage de pesticides n'a été effectué. On ne conclura donc qu'à une association, association alarmante cependant, d'autant plus que l'alimentation bio coûte plus cher…

Références

Baudry J, Assmann KE, Touvier M et al. Association of Frequency of Organic Food Consumption With Cancer Risk. Findings From the NutriNet-Santé Prospective Cohort Study. JAMA Intern Med 2018 [Epub ahead of print].

Liens d'interêts

A. Sultan déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.

auteur
Pr Ariane SULTAN
Pr Ariane SULTAN

Médecin
Endocrinologie et métabolismes
CHU Lapeyronie, Montpellier
France
Contributions et liens d'intérêts

centre(s) d’intérêt
Endocrinologie
thématique(s)
Nutrition
Mots-clés