Éditorial

Les sujets chauds en nutrition


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Aujourd'hui, tous les sujets en nutrition sont “chauds”, non seulement parce qu'ils font la une de l'actualité, mais aussi parce qu'ils sont l'objet de polémiques jetées en pâture au grand public. Il est vrai que, en matière d'alimentation, il y a autant d'experts que de mangeurs, chacun ayant légitimement son expérience, une expérience unique, mais une part de vérité seulement. En termes de goût et de tolérance alimentaire, cela semble juste et pertinent. Le médecin, coutumier du colloque singulier médecin-malade, n'est pas en difficulté de ce point de vue.

Du côté du scientifique, la controverse n'est pas non plus un écueil, c'est une nécessité qui fait progresser. Ainsi, pas à pas, parfois à tâtons, la connaissance progresse. Il en est de même pour la nutrition, une science qui évolue.

Le problème est celui de la polémique autour des sujets “chauds”, entretenue par des motivations et des croyances en tout genre. Le scientifique n'a pas d'opinion : il est guidé par des faits qui alimentent ses hypothèses. Le médecin n'a pas non plus d'opinion : il a son expérience et son savoir-faire. Sondages et rumeurs ne font pas partie de leurs outils.

  • Ainsi, les discours sur le jeûne contre le cancer mettent plutôt en péril les patients, même si des voies de recherche sont ouvertes.
  • Les propos sur les aliments ultratransformés pourraient conduire à considérer que toute transformation est négative, et ce concept crée un groupe fourre-tout. Pour autant, il faut encourager une alimentation à partir d'aliments simples, bruts, natures.
  • L'addiction au sucre est devenue le pot-pourri des “apprentis psy” qui voient une addiction là où il n'y a parfois qu'attirance et plaisir physiologique.
  • Les picogrammes de résidus de pesticides conduisent les consommateurs de fruits et légumes à les bouder, alors que les grands consommateurs de fruits et légumes “conventionnels” sont toujours en meilleure santé que les autres.
  • Certains vegans sèment la terreur dans les métiers de la viande, sans mesurer les conséquences sanitaires et environnementales d'une alimentation totalement végétalienne. Pour autant, les végétaux et les protéines végétales ont des atouts à ne pas négliger.
  • L'hypersensibilité au gluten non cœliaque est une réalité à découvrir. Cependant, le gluten n'est pas un poison, contrairement à l'idée que certains véhiculent, c'est un réseau issu de l'hydratation de la farine de blé, permettant de faire du pain.
  • Le fructose est diabolisé, alors que son seul problème est celui de la dose et de l'absence de matrice lorsqu'il est présent dans les boissons sucrées.
  • Les édulcorants n'ont jamais résolu la question du poids ni enrayé l'épidémie d'obésité, mais ils peuvent rendre service à certains patients obèses ou diabétiques.
  • Quant aux acides gras saturés, on sait que les excès ne sont pas souhaitables, comme tout excès nutritionnel, mais en fonction de leur origine et de leur matrice, ils n'ont pas tous le même effet. Ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas indispensables qu'ils ne sont pas utiles.

Souhaitons que la lecture des quelques morceaux choisis dans ce numéro, quoique non indispensable, vous soit aussi utile.


Liens d'intérêt

J.M. Lecerf déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.