Éditorial

Le charme discret de la diarrhée…


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Pour introduire ce dossier sur les diarrhées, il est en effet tentant de paraphraser le titre du livre “événement” publié récemment par une jeune étudiante en médecine allemande, qui fait le “buzz” actuellement en Europe (Darm mit Charme, publié en France sous le titre Le charme discret de l'intestin). Son objectif avoué est de remettre en selle cet organe délaissé et à vrai dire méprisé. Des recherches récentes nous révèlent pourtant des fonctions fondamentales inattendues et ignorées jusqu'alors. Outre ses rôles physiologiques vitaux, reconnus depuis relativement peu de temps avec la prise de conscience de l'importance du microbiote colique (des milliards de bactéries [10 fois plus que de cellules dans notre corps pour un poids de 1 à 2 kg]), on est en train de découvrir des interactions essentielles avec les systèmes “nobles” de notre organisme. Ainsi, un axe privilégié cerveau-intestin est en train de se dessiner : il pourrait par exemple contribuer à expliquer et en tout cas intervenir dans la dépression ou la maladie de Parkinson, où des anomalies du système nerveux digestif pourraient être précurseurs des signes neurologiques. Des liens directs réciproques entre microbiote et troubles cardiaques sont évoqués. De solides arguments s'accumulent pour penser que l'obésité n'est pas (ou pas seulement) liée à des troubles du comportement alimentaire, mais qu'elle pourrait être associée à des profils génétiques particuliers de bactéries du microbiote. Autre exemple, s'il est encore besoin de convaincre de la réhabilitation de cet organe sous-estimé : l'intestin et son microbiote jouent un rôle fondamental dans l'initiation et l'activation du système immunitaire après la naissance. L'excès d'hygiène, en limitant cette initiation antigénique, explique, au moins en bonne partie, l'explosion des pathologies auto-immunes, des allergies, de l'asthme, au point qu'on recommande maintenant de diversifier très précocement l'alimentation des nourrissons, et que, dans certains pays “avancés”, on préconise de leur administrer des extraits bactériens et parasitaires.