Éditorial

Les infections sur dispositifs médicaux implantables : le côté obscur du progrès médical


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Depuis plusieurs décennies, le développement de dispositifs médicaux implantables a révolutionné la prise en charge des patients, qu'il s'agisse de pathologies aiguës ou chroniques. Parmi ces révolutions, citons les prothèses articulaires, les stimulateurs cardiaques ou défibrillateurs implantables et les cathéters vasculaires, bien qu'il soit illusoire d'en dresser une liste exhaustive.

Néanmoins, dans les mois ou années qui ont suivi leur déploiement, des infections liées à ces dispositifs ont été signalées. Ces complications infectieuses peuvent être associées à des complications septiques aiguës (sepsis, choc septique), peuvent compromettre le fonctionnement des dispositifs et, surtout, imposent fréquemment leur ablation afin de permettre l'éradication de l'infection. Parallèlement, ces constats cliniques ont été expliqués en partie par l'observation, à la surface de ces dispositifs, de la présence de biofilms, ces communautés microbiennes denses enrobées par une matrice extracellulaire.

Ce numéro spécial RICAI 2022 de la Lettre de l'Infectiologue se focalise sur la prise en charge des infections liées aux dispositifs médicaux implantables en essayant de mettre en lumière les principales nouveautés qui méritent d'être connues de la communauté médicale.

Parmi les éléments importants, citons la formalisation de la prise en charge des infections sur prothèse articulaire ou sur stimulateur cardiaque, ou la standardisation de la prévention des infections liées aux cathéters, grâce à la publication de grands essais randomisés. Nous avons aussi choisi d'aborder la prise en charge d'infections souvent mal connues, en dehors de centres experts prenant en charge ces patients : les infections sur machines d'assistance ventriculaire gauche ambulatoire et les infections sur prothèse vasculaire.

Enfin, tous ces articles illustrent la nécessité impérieuse de prendre en charge ces patients de manière multidisciplinaire, en intégrant le référent de la pathologie sous-jacente (orthopédiste, rythmologue, chirurgien cardiaque, etc.), le microbiologiste, l'hygiéniste et l'infectiologue. La complexité et le pronostic de ces infections justifient pleinement ce dialogue.

Bonne lecture !


Liens d'intérêt

D. Lebeaux déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.