Congrès/Réunion
Analyse critique de la théorie et de la pratique des infiltrations épidurales et périradiculaires lombaires
Mis en ligne le 01/09/1998
Auteurs :
La Lettre du Rhumatologue - n° 244 - septembre 1998 28
S Y M P O S I U M
a pratique des infiltrations rachidiennes appartient à la cul-ture
rhumatologique (16) et leur symbolique, s'agissant
du rachis lombaire, doit être soulignée. Dans le cadre du
conflit disco-radiculaire, les différents sites d'injection ont évolué
en fonction des différentes théories ou des sites anatomiques
incriminés. La démonstration par la tomodensitométrie de hernies
médio-latérales et de hernies foraminales ou extra-foraminales fait
maintenant envisager d'adapter les gestes locaux au site anatomique
de la hernie.
Le traitement classique de la lombosciatique par hernie discale est
avant tout médical. La chirurgie n'est réservée qu'aux sciatiques ou
après des échecs prolongés du traitement médical d'au moins deux
à trois mois. Les gestes percutanés s'adressent également à cette
deuxième situation. Toutefois, il existe un certain paradoxe dans
l'attitude médicale 'agressive' face à la lombosciatique ; en effet, il
est bien démontré qu'après trois mois d'évolution, 80 % des patients
sont améliorés quel que soit le traitement suivi, et qu'après un et
quatre ans, tous les patients, qu'ils aient été traités médicalement ou
chirurgicalement, ont une évolution favorable identique. Ces données
donnent déjà à réfléchir sur la nécessité de pratiquer systématique-ment
des gestes invasifs, ne serait-ce que de simples infiltrations dans
la lombosciatique.
En effet, pratiquer une infiltration suppose que l'administration
d'anti-inflammatoires comme les corticoïdes par voie générale, per
os ou en injections intraveineuses n'entraîne pas une concentration
suffisante du produit en regard de la hernie et de la racine du nerf
sciatique. Aucune étude n'a été jusqu'à présent réalisée, probable-ment
en raison des grandes difficultés techniques, sur les différences
de concentrations tissulaires au niveau de la hernie discale ou de la
racine sciatique lors de l'administration épidurale ou par voie géné-rale
de corticoïdes. Cependant, il est montré qu'après administration
orale de prednisone, la concentration dans le LCR du principe actif,
la prednisolone, rejoint la concentration plasmatique à la sixième
heure (1). Par ailleurs, dans tout traitement, l'impact psychologique
n'est pas négligeable, particulièrement au niveau de la colonne lom-baire,
et la pratique d'une infiltration intrarachidienne peut donner
l'illusion, tant au malade qu'au médecin, qu'un traitement direct de
la cause de la douleur est réalisé.
Les sites théoriques d'infiltration sont nombreux au niveau du rachis
lombaire, que ce soit dans l'espace sous-arachnoïdien, au niveau du
disque, des articulaires postérieures, voire dans le ligament inter-épineux.
Dans la mesure où il est techniquement difficile, et même
dangereux, d'aller infiltrer directement le site du conflit disco-radiculaire,
entre hernie et racine sciatique, l'infiltration par voie
épidurale paraît être la plus adaptée dans la lombosciatique, alors
que, depuis quelques années, la voie périradiculaire au niveau du
foramen est défendue par certains auteurs.
Avant de revoir la justification théorique de ce type d'infiltrations, il
convient de rappeler que la physiopathologie de la lombosciatique
par hernie discale ne peut être interprétée à partir d'un seul facteur
mécanique, compressif. Il est démontré qu'une simple compression
de la racine du nerf sciatique n'entraîne pas nécessairement des dou-leurs
et qu'il faut associer d'autres phénomènes, probablement
inflammatoires (34). Les constatations histologiques montrent qu'au
niveau de la hernie discale, et particulièrement du nucleus pulposus,
il existe un tissu inflammatoire périphérique ; en revanche, au niveau
de la racine du nerf sciatique, il est rarement retrouvé un tissu inflam-matoire
(17). Des phénomènes de fibrose sont très rapidement mis
en évidence dans les semaines qui suivent une sciatique. Beaucoup
d'auteurs ont insisté sur les phénomènes vasculaires avec modifica-tion
des flux capillaires et particulièrement veineux, stase veineuse
et œdème. Associés à ces phénomènes vasculaires, il existerait éga-lement
des phénomènes biochimiques faisant appel soit à différents
facteurs de la fibrinolyse, soit à des facteurs bien connus dans les
réactions inflammatoires, comme la phospholipase A2, l'interleu-kine
1 et les prostaglandines. Les dosages réalisés lors d'interven-tions
chirurgicales pour lombosciatique par hernies discales révèlent
des taux élevés, mais qui ne seraient que transitoires pour certains
auteurs. Pour confirmer le rôle limité de la contrainte purement méca-
Analyse critique de la théorie et de la pratique
des infiltrations épidurales et périradiculaires lombaires *
l R. Juvin**
* Symposium Roussel-Diamant, 31 janvier 1998, Paris.
** Service de rhumatologie B, CHRU, BP 217x, 38043 Grenoble Cedex.
L
n Les infiltrations épidurales se révèlent efficaces à court
terme sur la douleur sciatique.
n Indications des infiltrations épidurales : sciatiques par hernie
discale, de préférence en phase aiguë et dans les hernies trans-ligamentaires
ou les séquestres.
n Indications des infiltrations périradiculaires : plutôt hernies
foraminales ou sténoses latérales dégénératives.
n Il n'existe pas de preuve de la supériorité des infiltrations
épidurales ou périradiculaires par rapport à une corticothérapie
per os ou parentérale.
Points fortsLa Lettre du Rhumatologue - n° 244 - septembre 1998 29
S Y M P O S I U M
nique, il faut rappeler des expériences de simple mise en contact du
nucleus et de la racine sciatique, montrant l'apparition de modifica-tions
vasculaires très rapidement, peut-être là encore sous l'influence
de diverses cytokines (6). Au total, il existe donc un paradoxe entre
l'absence de véritable tissu inflammatoire au niveau de la racine du
nerf sciatique et la présence fort probable au niveau du tissu épidu-ral
de facteurs de l'inflammation. Ces derniers pourraient donc
justifier l'introduction de substances anti-inflammatoires au niveau
épidural.
LES INFILTRATIONS ÉPIDURALES
Techniques de l'infiltration épidurale
Trois sites sont proposés afin de permettre une bonne diffusion du
produit injecté dans l'espace épidural (27) :
- L'infiltration par le trou sacré. Diverses expérimentations ont
bien démontré qu'en fait, l'injection était rarement épidurale, et qu'il
existait une diffusion du produit de contraste autour de la gaine radi-culaire
(26). Ce site réclame une grande pratique.
- L'infiltration épidurale par voie lombaire. Nous ne décrirons
pas la technique, mais il convient de rappeler que l'infiltration est
beaucoup plus facilement réalisable au niveau de l'espace L3-L4,
voire L4-L5, car l'espace épidural est très proche de la peau. Au
niveau L5-S1, l'espace épidural est plus à distance et impose l'uti-lisation
d'aiguilles de type ponction lombaire.
Au niveau postérieur, les études radiologiques ont bien montré qu'une
bande de tissu conjonctif reliait le sac dural à l'arc postérieur ; dans
certains cas, cette zone d'adhérence, épaissie, pouvait expliquer des
échecs des injections épidurales, particulièrement en L5-S1 (26).
- L'infiltration par le hiatus sacro-coccygien. Cette voie d'abord
est souvent plus difficile, car dans 10 à 15 % des cas, des variations
anatomiques rendent l'introduction de l'aiguille malaisée. Un volume
liquidien d'environ 10 à 20 ml est indispensable pour assurer une
bonne diffusion du produit dans l'espace épidural jusqu'au niveau
lombaire. Dans cette voie d'abord, le risque d'une effraction dure-mérienne
est très faible puisque le sac dural s'arrête au niveau de S2.
Diffusion dans l'espace épidural du produit injecté
Lors de l'injection de produit de contraste sous contrôle radiologique,
par voie épidurale lombaire, le produit a tendance à progresser dans
un sens crânial, et faiblement dans un sens caudal ; la diffusion vers
la partie antérieure de l'espace épidural est très faible (26). En
revanche, une infiltration réalisée par voie caudale (hiatus sacro-coccygien),
avec un volume suffisant, permet une excellente diffu-sion
du produit dans l'espace épidural.
Effets théoriques de ce type d'infiltrations
Trois effets peuvent être cités :
- L'effet anti-inflammatoire déjà décrit, en raison du tissu inflam-matoire
retrouvé au niveau de la hernie et des facteurs de l'inflam-mation
dans l'espace épidural. Cet effet est plausible, car il existe un
transport très rapide entre l'espace épidural et l'espace capillaire de
la racine rachidienne. Après coloration de l'espace épidural par du
bleu d'Evans, le colorant apparaît une minute après l'application épi-durale,
par l'intermédiaire de petites veinules connectant le plexus
veineux épidural et les capillaires intraradiculaires (9). La diffusion
du produit injecté au niveau épidural vers le nucleus pulposus ou la
hernie discale varie en fonction du caractère même de la hernie, sous-
ligamentaire ou transligamentaire. Il est bien démontré que les
hernies transligamentaires qui ont fait effraction dans l'espace
épidural ont un tissu inflammatoire beaucoup plus important que les
précédentes. On peut alors se demander, en cas de hernies sous-ligamentaires,
si l'injection épidurale aura un effet direct sur le tissu
inflammatoire de la hernie (6).
Cette action sur le nucleus pulposus a été étudiée dans un modèle de
sciatique induite par application de nucleus pulposus autologue sur
des racines de la queue de cheval de porc. Les effets de l'application
sont largement diminués par l'administration de fortes doses de
méthylprednisolone (30 mg/kg) dans les 24 ou 48 premières heures.
Après ce délai, les effets des corticoïdes apparaissent beaucoup moins
prononcés (6).
- La distension de l'espace épidural et la libération des adhérences
antérieures. À l'étage lombaire, la dure-mère est reliée au ligament
longitudinal postérieur par de fines structures fibreuses dont la den-sité
augmente largement au niveau L4-L5. Un tel effet n'a jamais été
véritablement démontré.
- L'intérêt d'un produit anesthésique qui, par son action directe
sur les influx nociceptifs, pourrait modifier la sécrétion de neuro-peptides.
Les études réalisées
Environ 12 études peuvent être répertoriées depuis 1971 (3, 5, 7, 8,
10, 14, 15, 19, 30, 35, 36, 45). Les principales méta-analyses (4, 18,
21, 42) concluent à une efficacité pour la moitié d'entre elles seule-ment,
dans les 4 à 6 semaines suivant le geste. Toutefois, ces études
varient beaucoup dans les produits utilisés (anesthésiques non sys-tématiques),
dans le volume injecté, dans le type de groupes
contrôles, dont certains bénéficient d'une infiltration dans le liga-ment
interépineux. Le recrutement des patients fait appel à des lom-balgies
ou à des lombosciatiques, parfois aiguës, parfois chroniques,
parfois compliquées (deux études s'adressent à des patients avec
déficit moteur), avec un nombre d'injections variable (deux études
n'utilisent qu'une seule injection). Les paramètres utilisés afin
d'exprimer les résultats sont variables également.
Le travail le plus récent (10), portant sur 158 patients évalués avec
des échelles fonctionnelles et de qualité de vie, confirme l'efficacité
à court terme sur la douleur ou les troubles sensitifs, mais aussi
l'absence de bénéfice fonctionnel.
Ces études permettent donc de conclure sur le plan pratique que les
infiltrations épidurales ont une efficacité à court terme, avant tout dans
les sciatiques aiguës. Elles ne paraissent pas efficaces dans les
sciatiques chroniques. Il n'existe pas de différence dans les résultats
obtenus avec les deux voies d'injection privilégiées, caudale (hiatus
sacro-coccygien) et interépineuse. Enfin, dans l'ensemble, les effets
secondaires sont rares (29).
LES INFILTRATIONS PÉRIRADICULAIRES
Elles ont été proposées à la suite des travaux des radiologues qui,
lorsque le scanner n'existait pas ou était balbutiant, ont tenté de
réaliser des tests diagnostiques en injectant un produit anesthésique
au niveau de la racine sciatique suspectée d'être le siège du conflit
disco-radiculaire (22, 38).
Lors de l'injection de produit de contraste, il est possible d'obtenir
un 'moulage' de la racine dans son trajet extra-foraminal. Le
contraste radiologique est lié à la présence d'une membrane très vas-La Lettre
du Rhumatologue - n° 244 - septembre 1998 30
S Y M P O S I U M
cularisée, véritable enveloppe épiradiculaire, qui représente l'espace
de glissement de la racine.
Sur le plan technique, cette infiltration est réalisée au niveau du fora-men,
sous contrôle radiologique, avec injection de produit de
contraste, ou, pour certains, sous contrôle tomodensitométrique (32)
afin de vérifier la bonne position de l'aiguille. Il semblerait qu'une
quantité limitée de produit doive être injectée, car lorsque l'injection
est supérieure à 2 cc au niveau de la racine L5, il existe une diffu-sion
du produit dans le muscle psoas (11). Cette technique est donc
irradiante et impose des précautions chez les sujets allergiques à
l'iode (2).
La justification théorique de ce type d'infiltrations est liée à sa
proximité avec le ganglion postérieur de la racine rachidienne, qui
apparaît très sensible aux phénomènes vasculaires et biochimiques
résultant d'une compression, particulièrement lorsqu'elle est laté-rale
ou foraminale. Mais là encore, il faut insister sur l'absence de
démonstration de phénomènes histologiques d'inflammation au
niveau de la racine. Une étude expérimentale avec injection intrara-diculaire
de lidocaïne a montré une augmentation du flux sanguin
intraradiculaire, peut-être par l'intermédiaire du système sympa-thique
(44).
Quelques études cliniques (2, 25, 39, 41, 43) ont déjà été publiées et
d'autres sont en cours de publication. Elles s'adressent soit à des
patients ayant des hernies discales latérales, soit à des patients ayant
des sciatiques postopératoires. Les résultats apparaissent moyens,
avec 55 % des patients améliorés à 4 mois (mais certains recevaient
également une infiltration articulaire postérieure) (39) ou 45 %
d'amélioration à six mois (25). Un autre travail (cité par 2) fait appa-raître
des résultats à plus long terme : avec un recul moyen de
15 mois, les résultats sont jugés excellents dans 52 % des cas. Ils
seraient meilleurs dans les conflits foraminaux dégénératifs que dans
les étiologies discales (41).
Une étude portant sur un petit nombre de patients n'a pas mis en évi-dence
de différences d'évolution entre les patients traités par infil-trations
épidurales et ceux traités par infiltrations périradiculaires
(31).
PLACE DES INFILTRATIONS ÉPIDURALES ET PÉRI-RADICULAIRES
Les risques de ce type d'infiltrations
Les risques classiquement décrits pour tous les autres sites d'infil-tration
sont à citer, particulièrement le risque infectieux (épidurites
et abcès épidural) (20, 40), le risque de Cushing ou de déplétion de
l'axe hypothalamo-hypophysaire en cas d'infiltrations répétées (12,
28). La voie d'abord lombaire entraîne parfois une effraction dure-mérienne,
avec les risques de céphalées bien classiques mais égale-ment
de thrombophlébites des veines cérébrales, sur lesquelles
quelques publications récentes ont beaucoup insisté, et aussi de
méningites (13). Récemment, des cas d'hémorragies rétiniennes ont
été rapportés (23). L'utilisation de produits de contraste iodés ou
d'anesthésiques locaux a pu favoriser quelques cas de choc ana-phylactique.
Indications
Faut-il considérer que ces infiltrations ne sont efficaces que dans les
tout premiers jours d'une lombosciatique ? Quelques études parais-
sent montrer une différence entre les patients ayant une sciatique
aiguë, qui sont beaucoup plus améliorés, et ceux ayant une sciatique
chronique. Dans ce dernier cas, la fibrose de la racine pourrait expli-quer
les mauvais résultats.
Les travaux cités plus haut incitent également à préconiser des infil-trations
très précoces pour obtenir un effet anti-inflammatoire sur le
nucleus pulposus.
Actuellement, les infiltrations épidurales sont déconseillées dans les
lombalgies pures (37), mais certains considèrent que des lombalgies
discales avec une symptomatologie inflammatoire pourraient tirer
bénéfice de gestes locaux. Aucune étude n'est venue confirmer cette
position.
Dans les canaux lombaires étroits, il semble que les infiltrations épi-durales,
que ce soit par voie caudale ou interépineuse, soient à évi-ter
en raison du très faible volume de l'espace épidural. Dans ce cas,
les infiltrations périradiculaires peuvent avoir un intérêt.
Enfin, rappelons l'intérêt des infiltrations épidurales par voie
caudale dans les fibroses postopératoires (33).
Le nombre d'infiltrations
Il est classique de répéter une infiltration dont l'effet immédiat a été
médiocre. Un délai d'une semaine à quinze jours doit tout de même
être respecté. Toutefois, Lutze (25) considère, dans les infiltrations
périradiculaires, que l'absence d'amélioration après une première
infiltration est un élément pronostique pour présager qu'une
deuxième infiltration ne sera pas plus efficace.
Le volume à injecter et le choix du dérivé corticoïde
Il apparaît nécessaire d'injecter un volume suffisant d'au moins 15 à
20 ml associant corticoïde et sérum isotonique, voire anesthésique,
dans les infiltrations épidurales par voie caudale. Cela permet
d'assurer une bonne diffusion du produit.
En revanche, lors des infiltrations épidurales par voie interépineuse,
le volume à injecter varie beaucoup. Pour les auteurs anglo-saxons,
une dilution d'au moins 5 ml permettrait de diminuer la toxicité pos-sible
de l'acétate de méthylprednisone, notamment du polyéthylène-glycol
(37), en fait non utilisé en France pour les infiltrations. Un
rappel des dérivés corticoïdes disponibles sera trouvé dans la réfé-rence
12.
Les difficultés techniques
Le placement de l'aiguille réclame une bonne expérience de l'opé-rateur.
Les contrôles radiologiques avec injection de liquide de
contraste confirment la difficulté des gestes : un mauvais placement
de l'aiguille a été noté dans 25 % des injections caudales et dans
30 % des injections interépineuses. Maigne (26) considère qu'une
infiltration est techniquement réussie au niveau caudal dans environ
70 % des cas, mais seulement dans 56 % des cas par voie inter-épineuse.
Il n'est pas nécessaire cependant de préconiser un contrôle radiolo-gique
systématique qui représenterait un coût supplémentaire avec,
de plus, un risque d'irradiation.
Le coût d'un tel traitement
Une étude récente a essayé d'évaluer l'influence des infiltrations sur
le coût d'hospitalisation d'une lombosciatique (24). Les auteurs esti-ment
que les infiltrations systématiques de corticoïdes n'ont pas à
être réalisées en première intention lors d'une sciatique hospitalisée,
qui est par nature une sciatique sévère.
La place des infiltrations vient donc après un traitement classique
par repos et AINS.
La Lettre du Rhumatologue - n° 244 - septembre 1998 31
S Y M P O S I U M
Bibliographie
1. Bannwarth B., Schaeverbeke T., Péhourcq F., Vernhes J.P., Bouvier
d'Yvoire M., Dehais J. Concentrations de prednisolone dans le liquide
céphalorachidien après administration orale de prednisone. Rev Rhum
1997 ; 64 : 321-4.
2. Bard H., Janklewicz Ph., Laredo J.D., Roucoulés J. Les infiltrations
périradiculaires lombaires. Actualités en Rhumatologie 1996 ; 302-10.
3. Beliveau P. A comparison between epidural anaesthesia with and
without corticosteroid in the treatment of sciatica. Rheumatol Phys Med
1971 ; 11 : 40-3.
4. Benzon H.T. Epidural steroid injections for low back pain and lumbo-sacral
radiculopathy. Pain 1986 ; 24 : 277-95.
5. Bogduk N., Cherry D. Epidural corticosteroid agents for sciatica. Med
J Aust 1985 ; 143 : 402-6.
6. Boulu P., Benoist M. Données nouvelles sur la physiopathologie de la
compression radiculaire et les mécanismes de la douleur. Rev Rhum
1996 ; 63 : 394-9.
7. Breivik H., Hesla P.E., Molnar I., Lind B. Treatment of chronic low
back pain and sciatica : comparison of caudal epidural injections bupi-vacaine
and methylprednisolone with bupivacaine followed by saline. In :
Bonica J.J., Albe-Fessard D.G. (eds). Advances in pain research and the-rapy.
Vol. I. Raven Press, New York 1976 ; 927-32.
8. Bush K., Hillier S. A controlled study of caudal epidural injections of
triamcinolone plus procaine for the management of intractable sciatica.
Spine 1991 ; 16 : 572-5.
9. Byrod G., Olmarker K., Konno S., Larsson K., Takahashi K., Rydevik B.
A rapid transport route between the epidural space and the intraneural
capillaries of the nerve roots. Spine 1995 ; 20 : 138-43.
10. Carette S., Leclaire R., Marcoux S., Morin F., Blaise G.A., Saint-Pierre
A. et coll. Epidural corticosteroid injections for sciatica due to
herniated nucleus pulposus. N Engl J Med 1997 ; 336 : 1634-40.
11. Castro W.H., Grönemeyer D., Jerosh J., Seibel R., Lorenz G.,
Beutelstahl D. et coll. How reliable is lumbar nerve root sheath infiltra-tion
? Eur J Spine 1994 ; 3 : 255-7.
12. Chazerain P. Infiltrations rachidiennes lombaires : techniques,
résultats, complications. La Lettre du Rhumatologue 1997 ; 237 : 28-31.
13. Cooper A.B., Sharpe M.D. Bacterial meningitis and cauda equina
syndrome after epidural steroid injections. Can J Anaesth 1996 ; 43 :
471-4.
14. Cuckler J.M., Bernini P.A., Wiesel S.W., Booth R.E. Jr, Rothman
R.H., Pickens G.T. The use of epidural steroids in the treatment of lumbar
radicular pain : a prospective, randomized, double-blind study. J Bone
Joint Surg Am 1985 ; 67 : 63-6.
15. Dilke T.F.W., Burry H.C., Grahame R. Extradural corticosteroid
injection in management of lumbar nerve root compression. Br Med J
1973 ; 2 : 635-7.
16. Dreiser R.L., Maheu E., Ghozlan R., Rozenberg S., Bourgeois P.,
Brégeon C. et coll. Étude épidémiologique des stratégies diagnostiques et
thérapeutiques dans les lombalgies et les dorsalgies subaiguës ou chro-niques
en médecine ambulatoire. Rev Rhum 1997 ; 64 : 27-36.
17. Garfin S.R., Rydevik B., Lind B., Massie J. Spinal nerve root com-pression.
Spine 1995 ; 20 : 1810-20.
18. Kepes E.R., Duncalf D. Treatment of backache with spinal injections
of local anesthetics, spinal and systemic steroids : a review. Pain 1985 ;
22 : 33-47.
19. Klenerman L., Greenwood R., Davenport H.T., White D.C., Peskett S.
Lumbar epidural injections in the treatment of sciatica. Br J Rheumatol
1984 ; 23 : 35-8.
20. Knight J.W., Cordingley J.J., Palazzo M.G. Epidural abscess follo-wing
epidural steroid and local anaesthetic injection. Anaesthesia 1997 ;
52 : 576-8.
21. Koes B.W., Scholten R.J., Mens J.M.A., Bouter L.M. Efficacy of epi-dural
steroid injections for low-back pain and sciatica : a systematic
review of randomized clinical trials. Pain 1995 ; 63 : 279-88.
22. Krempen J.F., Smith B.S. Nerve-root injection. J Bone Joint Surg
1974 ; 56-A : 1435-44.
23. Kushner F.H., Olson J.C. Retinal hemorrhage as a consequence of
epidural steroid injection. Arch Ophthalmol 1995 ; 113 : 309-13.
24. Lafuma A., Bouvenot G., Cohen C., Eschwege E., Fagnani F., Vignon
E. Essai médico-économique pragmatique de l'intérêt des infiltrations
systématiques dans la lombosciatique hospitalisée. Rev Rhum 1997 ; 64 :
633-9.
25. Lutze M., Stendel R., Vesper J., Brock M. Periradicular therapy in
lumbar radicular syndromes : methodology and results. Acta
Neurochirurgica 1997 ; 139 : 719-24.
26. Maigne J.Y., Gourjon A., Maigne A. Taux de réussite des trois tech-niques
d'injection épidurale. Rev Rhum 1990 ; 57 : 575-8.
27. Maigne J.Y., Guedj S. Les différentes voies d'injection épidurales,
avantages et inconvénients. Rev Med Orthop 1996 ; 44 : 5-12.
28. Maillefert J.F., Aho S., Huguenin M.C., Chatard C., Peere T.,
Marquignon M.F., Lucas B., Tavernier C. Effet systémique des injections
épidurales de dexaméthasone. Rev Rhum 1995 ; 62 : 453-6.
29. McQuay H.J., Moore A. Epidural steroids for sciatica (letter).
Anaesth Intensive Care 1996 ; 24.
30. Mathews J.A., Mills S.B., Jenkins V.M. et coll. Back pain and sciati-ca
: controlled trials of manipulation, traction, sclerosant and epidural
injections. Br J Rheum 1987 ; 26 : 416-23.
31. Maugars Y., Kolsi I., Delécrin J., Berthelot J.M., Thomas L., Guillot P.,
Prost A. Infiltrations périradiculaires versus épidurales dans les radicu-
lalgies
d'origine discale : étude en double aveugle contre placebo chez
trente patients. Rev Rhum 1997 ; 64 : 769 (abstract).
32. Quinn S.F., Murtagh F.R., Chatfield R., Kori S.H. CT-guided nerve
root block and ablation. AJR 1988 ; 151 : 1213-6.
33. Revel M., Auleley G.R., Aloui S., Nguyen M., Duruoz Teck-Michaud S.,
Roux C., Amor B. Injections péridurales sous pression dans les lombo-sciatiques
avec fibrose postopératoire. Rev Rhum 1996 ; 63 : 295-302.
CONCLUSION
La justification théorique des infiltrations épidurales et périradi-culaires
repose sur des arguments critiquables dont la démonstration
scientifique n'est pas encore véritablement faite, notamment par
rapport à des administrations de corticoïdes per os ou par voie
injectable.
Ces infiltrations doivent se placer dans un véritable plan de traite-ment
de la sciatique à court et moyen terme, et nécessiteront d'autres
validations scientifiques, notamment à l'aide d'études cliniques
contrôlées.
n
S Y M P O S I U M
Bibliographie (suite)
34. Revel M. Le conflit disco-radiculaire lombaire : mécanique, chi-mique
ou mixte ? Rev Rhum 1997 ; 64 : 893-9.
35. Ridley M.G., Kingsley G.H., Gibson T., Grahame R. Outpatient lum-bar
epidural corticosteroid injection in the management of sciatica. Br J
Rheumatol 1988 ; 27 : 295-9.
36. Snoek W., Weber H., Jorgensen B. Double blind evaluation of extra-dural
methylprednisolone for herniated lumbar discs. Acta Orthop Scand
1977 ; 48 : 635-41.
37. Spaccarelli K.C. Lumbar and caudal epidural corticosteroid injec-tions.
Mayo Clin Proc 1996 ; 71 : 169-78.
38. Stanley D., Mac Laren M.I., Euinton H.A., Getty J.M. A prospective
study of nerve root infiltration in the diagnosis of sciatica. Spine 1990 ;
15 : 540-3.
39. Uhlenbrock D., Arlinghaus J. The results of CT-guided periradicular
pain control. Rofo (Fortschritte auf dem Gebiet der Roentgenstrahlen und
der Bildgebenden Verfahren) 1997 ; 166 : 528-34.
40. Vautravers Ph., Vautravers M.J., Meyer R., Kunnert J.E. Épidurite
infectieuse après infiltration péridurale de corticoïdes. Prévention du
risque septique. Rachis 1994 ; 6 : 91-8.
41. Viaud B., Zennaro H., Dousset V., Allard M., Sénégas J., Caillé J.M.
Traitement des radiculalgies par infiltrations périganglionnaires de cor-
ticoïdes
dans le foramen intervertébral sous contrôle TDM. Rachis 1997 ;
9 : 254-5.
42. Watts R.W., Silagy C.A. A meta-analysis on the efficacy of epidural
corticosteroids in the treatment of sciatica. Anaesth Intensive Care 1995 ;
23 : 564-9.
43. Weiner B.K., Fraser R.D. Foraminal injection for lateral lumbar disc
herniation. J Bone Joint Surg (Br) 1997 ; 79-B : 804-7.
44. Yakubi S., Kikuchi S. Nerve root infiltration and sympathetic block.
Spine 1995 ; 20 : 901-6.
45. Yates D.W. A comparison of the types of epidural injection common-ly
used in the treatment of low back pain. Rheumatol Rehab 1978 ; 17 :
181-6.
La Lettre du Rhumatologue - n° 244 - septembre 1998 32
Didronel
(r)
400 (étidronate) : nouvelle indica-tion
dans la prévention de la perte osseuse
cortico-induite
La corticothérapie est une arme thérapeutique
majeure, d'emploi incontournable dans de nom-breuses
pathologies comme l'asthme non
contrôlé par les traitements inhalés, la polyar-thrite
rhumatoïde rapidement évolutive ou des
maladies inflammatoires sévères (Horton, LED,
PPR...).
En France, environ 300 000 patients bénéficient
d'une corticothérapie générale au long cours. Un
des principaux risques de ce traitement est la
survenue d'une ostéoporose cortico-induite.
Cette perte osseuse est précoce et s'observe
surtout pendant les trois à six premiers mois.
L'étidronate (Didronel
(r)
400, des laboratoires
Procter & Gamble Pharmaceuticals) est un
bisphosphonate à activité anti-ostéoclastique.
Il inhibe la résorption osseuse au profit de l'os-téoformation.
Les résultats de deux études cliniques, prospec-tives,
multicentriques et contrôlées contre place-bo
(Adachi et CIBLOS), ont prouvé l'effet pré-ventif
de l'étidronate sur la perte osseuse lom-baire
ainsi que sa bonne tolérance, en particulier
digestive, chez des patients recevant une cortico-thérapie
au long cours.
Grâce aux conclusions de ces deux études,
Didronel
(r)
400 bénéficie désormais d'une nou-velle
indication. Il est ainsi préconisé en préven-tion
de la perte osseuse chez les patients adultes
nécessitant une corticothérapie prolongée supé-rieure
à trois mois par voie générale et à une
dose supérieure à 7,5 mg/j d'équivalent predni-sone.
Le schéma thérapeutique recommandé, de
type cyclique intermittent, est le même que celui
utilisé dans l'ostéoporose postménopausique :
14 jours d'étidronate suivis de deux mois et
demi de calcium.
M.P.