En ce début d’année 2025, nous vous présentons le traditionnel Best Of sélectionné par le comité scientifique. L’augmentation de la résistance aux antibiotiques est un problème majeur de santé publique. L’étude sélectionnée par Olivier Barraud [1] est la première d’envergure mondiale sur une longue période (1990-2021) ayant montré l’impact très important en matière de mortalité (1,14 million de décès directement attribuables aux bactéries multirésistantes (BMR)). Le staphylocoque doré résistant à la méticilline (SARM) et les entérobactéries productrices de carbapénémases sont les deux BMR dont le rôle dans la hausse du nombre de décès est le plus important, nécessitant la mise à disposition de nouvelles molécules à l’échelle mondiale pour pouvoir espérer enrayer cette inquiétante augmentation.
L’impact du changement climatique sur la propagation des maladies infectieuses, en particulier dans certaines infections virales et fongiques, est discuté. Ainsi, Arnaud Jabet rapporte les détails d’une série rétrospective sur les infections à Cladophialophora bantiana (C. bantiana), infections rares mais graves, touchant la peau ou le système nerveux central (SNC) essentiellement chez des immunodéprimés [2].
Les bactériémies à S. aureus sont fréquentes (20 à 30 patients/100 000 habitants/an) et associées à une mortalité de 20 à 30 %. L’étude SABATO, sélectionnée par David Lebeaux, apporte des informations très importantes pour la prise en charge de ces infections lorsqu’elles ne sont pas compliquées. Dans cette situation, un relais oral précoce (5 à 7 jours après le début du traitement intraveineux) a démontré sa non-infériorité [3].
S’il est un point au sujet duquel les publications ont été abondantes en 2024, c’est l’utilisation de molécules injectables dans la PrEP. Ainsi, les études PURPOSE 1 et PURPOSE 2 résumées par Valérie Pourcher montrent une efficacité remarquable du lénacapavir en administration tous les 6 mois [4].
Tous les ans, le poids des viroses respiratoires, en particulier chez les sujets âgés, est important, et l’épidémie de grippe en témoigne cette année encore. Le virus respiratoire syncytial (VRS) est également une cause importante des infections des voies respiratoires inférieures. Les données de vie réelle rapportées par Paul Loubet viennent confirmer l’efficacité des vaccins contre les formes graves du VRS et confortent ainsi les recommandations vaccinales françaises de 2024 [5].
Les tuberculoses résistantes à la rifampicine (RFP) ou multirésistantes (MDR) touchent environ 400 000 personnes chaque année dans le monde. La prévention de ces infections en cas de contact reste un problème de santé publique majeur dans les pays où la prévalence de la résistance est importante. L’essai évaluant l’impact de l’utilisation en chimioprophylaxie préventive de la lévofloxacine dans les tuberculoses résistantes à la RFP permet de positionner cette stratégie chez l’adulte et l’enfant.
S’il persiste un domaine où les avancées thérapeutiques sont pour l’instant insuffisantes, c’est bien celui de la prise en charge de l’hépatite delta. Ainsi, les résultats de l’essai évaluant l’utilisation du bulévirtide dans le traitement de cette infection étaient particulièrement attendus [6]. La thérapie de 10 mg de bulévirtide quotidien pendant 96 semaines, associée au peginterféron alfa-2a pendant les 48 premières semaines, a permis d’obtenir un pourcentage significativement plus élevé (p < 0,001) de patients avec une réponse virologique et biochimique 24 semaines après la fin du traitement, comparativement aux monothérapies ouvrant la voie à une nouvelle prise en charge, comme le souligne Linda Feghoul.
Affectant essentiellement les enfants d’âge préscolaire et scolaire, la schistosomiase (ex-bilharziose) touche environ 250 millions de personnes dans le monde dont 90 % résidant en Afrique subsaharienne, où Schistosoma mansoni et Schistosoma haematobium sont les espèces les plus répandues. La principale stratégie mondiale de lutte contre cette helminthiase reste la distribution de masse de praziquantel (PZQ) en raison de son efficacité contre toutes les espèces de schistosomiase humaine, mais son utilisation de masse pose la question de l’émergence de parasites résistant à cette molécule.
L’essai évaluant l’efficacité et la sécurité de l’artésunate + sulfalène-pyriméthamine à dose unique associé au PZQ pour le traitement des enfants atteints de schistosomiase à Schistosoma mansoni ou Schistosoma haematobium a permis de démontrer que cette association était bien tolérée. Dans cette étude, la thérapie combinée n’a pas fait mieux que le PZQ seul en termes de taux de guérison, mais elle a permis une réduction importante du nombre d’œufs chez les enfants atteints de schistosomiase à S. haematobium, La place de l’association simultanée ou séquentielle de cette association reste à déterminer [7].
Dans ce numéro florilège sont aussi abordés la prise en charge des encéphalites à HSV et VZV, les durées de traitement des infections à Pseudomonas aeruginosa, la performance de la métagénomique dans les infections du SNC, le bénéfice de la perfusion continue (versus administration discontinue) de bêtalactamines en réanimation chez le patient en sepsis, et le questionnement sur la transplantation rénale chez des personnes vivant avec le VIH selon le statut VIH du donneur.
En vous souhaitant une bonne lecture de ce numéro !