Dans ce dossier de la Lettre de l’Infectiologue, nous avons choisi d’explorer l’un des pans les plus redoutés de notre spécialité : les infections neuroméningées. Ces infections sont craintes du fait de leur pronostic à court et long terme, mais aussi du fait d’importantes difficultés diagnostiques et thérapeutiques.
Nos connaissances sur les encéphalites ont progressé ces dernières années en partie grâce à la constitution de cohortes nationales comme la cohorte française ENCEIF (Étude nationale de cohorte des encéphalites infectieuses en France). Celle-ci a permis de mieux préciser l’épidémiologie et le pronostic de nos patients. La mise au point de Marion Le Maréchal fait la synthèse de ces données et intègre les récents cas d’arboviroses autochtones qui nous incitent à toujours actualiser les données d’exposition de nos patients aux vecteurs et virus émergents. L’autre donnée nouvelle majeure dans le domaine est la publication de scores qui permettent d’identifier plus précocement les patients dont le tableau d’encéphalite est plus probablement de cause auto-immune plutôt qu’infectieuse.
La question du pronostic de nos patients fait l’objet d’un article de synthèse de Romain Sonneville qui décrit les complications neurologiques à court et long terme après une méningite bactérienne ou une encéphalite virale afin de nous aider à mieux préciser les modalités de suivi clinique et neuropsychologique idoines.
Sur le plan bactérien, des cohortes nationales – prospective danoise et rétrospective française – ont permis de mieux préciser l’épidémiologie et le pronostic des abcès cérébraux et des ventriculites du patient immunocompétent. Ces données sont compilées dans une mise au point de David Luque Paz qui met en avant la plus-value diagnostique de l’IRM cérébrale ainsi que l’importance de discuter chacun de ces dossiers avec l’équipe de neurochirurgie.
Les patients immunodéprimés ne sont, bien entendu, pas épargnés par ces complications, et le cas clinique présenté par Nelly Alanbari illustre les difficultés diagnostiques et l’importance d’une approche globale pour améliorer le diagnostic et le traitement des abcès cérébraux après greffe d’organe, en lien avec le spécialiste d’organe ou l’hématologue.
Enfin, l’autre fil conducteur de toutes ces infections neuroméningées est la potentielle toxicité des traitements anti-infectieux. Il nous semblait donc indispensable de demander à Pauline Rabeau de réaliser une synthèse de la littérature sur ce sujet. Il est fréquent que l’état neurologique d’un patient sous bêtalactamines à forte posologie ou sous aciclovir se dégrade. L’enjeu crucial dans ce contexte consiste à distinguer l’aggravation de l’infection et l’iatrogénie de l’anti-infectieux.
Au quotidien, ces situations complexes imposent une conjonction d’expertises : infectiologues, microbiologistes, radiologues, pharmaciens/pharmacologues, réanimateurs, neurologues, rééducateurs, neurochirurgiens... Nous espérons que ce dossier aura capté un peu de l’infinie complexité de ces infections graves. Bonne lecture !

