Éditorial

Infections virales respiratoires : mieux s’armer pour mieux les combattre


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En France, mais aussi dans d’autres pays à travers le monde, la saison hivernale a été marquée par une cocirculation virale inédite, caractérisée par la survenue d’infections à SARS-CoV-2 et la circulation concomitante de la grippe et de la bronchiolite à des niveaux très élevés et prolongés, engendrant de fortes pressions sur le système de santé avec un impact sanitaire majeur.

Bien que les origines des infections respiratoires aiguës basses soient multiples, avec une part importante d’épisodes associés à une origine bactérienne, les virus respiratoires sont la cause majoritaire de syndromes respiratoires aigus de gravité variable, avec un caractère saisonnier automno-hivernal prédominant. Conformément au rapport du HCSP [1], il convient désormais de raisonner de manière dite “syndromique” devant des manifestions cliniques susceptibles d’évoquer une infection respiratoire aiguë d’origine virale (IRAV). Les IRAV englobent une série d’infections respiratoires dues à différents virus dont le SARS-CoV-2, les virus grippaux et le virus respiratoire syncytial (VRS). D’autres virus, comme le métapneumovirus humain (hMPV), les virus parainfluenza, les adénovirus, les rhinovirus (hRV) et les coronavirus saisonniers se manifestent habituellement par des présentations cliniques d’IRAV de gravité variable, allant du rhume banal à des infections pulmonaires graves pouvant nécessiter une assistance respiratoire.

Les éléments pivots de la prévention [1] reposent sur les gestes barrières et les mesures de prévention individuelles. En population générale, en présence de symptômes et en l’absence de facteurs de risque de forme grave d’IRAV, il n’est pas nécessaire de réaliser un test diagnostique de biologie moléculaire (RT-PCR ou équivalent), dès lors que les mesures à respecter sont les mêmes pour tous les virus en cause. Cette situation est quelque peu différente en milieu de soins, comme le montre l’article de A. Baron et L. Feghoul sur l’impact des tests moléculaires délocalisés pour la prise en charge des patients atteints d’IRAV aux urgences (bénéfice sur durée de séjour et prescription plus rapide d’antiviraux). Les personnes fragiles ou comorbides, ou celles résidant en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) ou autres établissements médicosociaux, doivent également faire l’objet de ces tests.

L’autre élément majeur en termes de prévention est bien entendu la vaccination. Comme souligné par P. Loubet, l’avenir est aux vaccins combinés à ARNm. En attendant, il convient d’augmenter le pourcentage de patients vaccinés contre la grippe (car il stagne à 50 % depuis 10 ans) et d’utiliser davantage le vaccin quadrivalent hautement dosé chez les plus de 65 ans. La mise à disposition prochaine de vaccins contre le VRS devrait également permettre de réduire le poids des IRAV. En effet, comme l’indique P. Couture dans son article, l’infection à VRS a souvent été négligée chez l’adulte, alors qu’elle peut se révéler sévère chez des sujets âgés ou comorbides.

Les traitements préventifs et curatifs sont abordés dans les articles de S. Fourati et de Q. Richier. De nouveaux antiviraux non encore disponibles pourraient être utilisés en association avec les inhibiteurs de la neuraminidase chez les patients ayant une infection sévère. La place des immunomodulateurs est encore aujourd’hui en cours d’évaluation clinique. Tester les plus fragiles, respecter les mesures barrières, prévenir, prescrire des traitements rapides sont les éléments pivots d’une prise en charge optimale des IRAV ; or, elle-ci nécessite une coopération et donc des moyens qui doivent être octroyés aux acteurs de santé.

Références

1. https ://www.hcsp.fr/Explore.cgi/AvisRapportsDomaine

Liens d'intérêt

J.L. Meynard déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet éditorial.