Éditorial

Infections chez nos patients immunodéprimés : nouveaux risques, nouveaux traitements ?


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Dans ce numéro de La Lettre de l’Infectiologue spécial Journées Nationales d’Infectiologie (JNI), nous avons choisi d’explorer la problématique des infections chez les patients immunodéprimés. Cette thématique nous semblait incontournable du fait de son caractère évolutif. Les articles coordonnés par Florence Ader décrivent les conséquences infectieuses des progrès réalisés dans le traitement des hémopathies malignes. La mise à disposition des CAR-T cells, immunothérapies et anticorps monoclonaux ou bispécifiques en hématologie a révolutionné la prise en charge de ces patients. Néanmoins, ces nouveaux traitements exposent à des complications infectieuses (ou non) dont les caractéristiques physiopathologiques et épidémiologiques sont souvent mal connues de notre communauté. Ces deux articles de synthèse permettent de saisir les bases immunologiques de ces traitements et donc d’en déduire le spectre des complications infectieuses. Dans le même ordre d’idées, la mise à disposition de nouveaux traitements anti-rejet impose d’actualiser nos connaissances en termes de complications infectieuses chez le patient greffé d’organe, comme illustré avec le bélatacept dans la mise au point de Yanis Tamzali et Jérôme Tourret. L’enrichissement permanent de l’arsenal thérapeutique nécessite une mise à jour constante de nos connaissances.

Heureusement, des progrès médicaux permettent aussi d’étoffer notre arsenal de traitements anti-infectieux. De nouvelles molécules sont désormais disponibles pour la prophylaxie (létermovir) dans certaines indications précises et pour le traitement curatif (maribavir) de la réactivation à CMV, ce qui a pour effet de réduire la morbimortalité liée à cette infection fréquente. Le travail de synthèse de Léa Picard et Matthieu Revest permet de proposer une stratégie globale de prise en charge de ces patients en intégrant ces nouvelles molécules antivirales, mais également les tests de réponse immunitaire cellulaire au CMV.

Malgré une augmentation récente de l’activité de transplantation rénale régionale dans les territoires d’outre-mer, beaucoup de patients sont encore transplantés dans l’Hexagone, avec un suivi partagé entre leur centre de greffe et les professionnels de santé de leur région d’origine. Il existe des spécificités à connaître pour une prise en charge adaptée du patient et, grâce à la revue de Laurène Cachera et al., vous saurez tout !

Enfin, nous ne pouvions aborder cette thématique sans parler de prévention. De nombreuses équipes ont déjà recours à des consultations prégreffe visant à anticiper et prévenir les complications infectieuses opportunistes. L’article d’Alexandra Serris, coordonné par Fanny Lanternier et Anne Scemla, aborde de manière pragmatique les différents éléments devant jalonner cette consultation, en intégrant le contexte social, médical et clinique du patient.

L’ensemble de ces articles illustre à quelle point l’évolutivité constante du profil de nos patients immunodéprimés impose un dialogue permanent entre hématologues, greffeurs, infectiologues et microbiologistes. Nous espérons que ce numéro de La Lettre de l’Infectiologue aura réussi à restituer un peu de cette formidable émulation.

Bonne lecture et profitez bien des JNI !

 


Liens d'intérêt

D. Lebeaux et V. Pourcher déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.