Les cancers induits par le papillomavirus humain (HPV) représentent près de 5 % des cancers au niveau mondial. Si cela peut sembler peu en termes de pourcentage, ce chiffre représente de nombreux patients atteints chaque année dans le monde. L’association HPV et cancer est étrange. En effet, de nombreux types de cancers peuvent être induits par le HPV, comme les cancers du col de l’utérus ou de l’oropharynx, tandis que nombre d’autres types de cancers ne sont jamais induits par le HPV. De plus, un même cancer peut être induit par le HPV ou par d’autres facteurs étiologiques, comme les cancers de l’oropharynx qui peuvent également être induits par l’alcool et le tabac.
Cependant, les cancers induits par le HPV font partie des rares cancers pour lesquels le facteur étiologique est établi avec certitude. C’est pourquoi la vaccination contre le HPV est efficace contre l’ensemble des cancers induits par ce virus, à  condition que le type de HPV responsable soit couvert par le vaccin. La biologie des cancers liés au HPV est d’ailleurs très proche d’une localisation à l’autre.
Depuis toujours, les traitements contre le cancer ont été développés par localisation tumorale, ce qui a tout son sens en raison des traitements locaux qui diffèrent. Il s’avère que les traitements efficaces contre les cancers induits par le HPV sont très similaires d’une localisation tumorale à l’autre. En particulier, l’immunothérapie par anti-PD-1 a montré son efficacité dans de nombreuses localisations, même s’il existe des nuances.
Les cancers induits par le HPV demeurent de très bon pronostic à un stade local, mais le risque de récidive est important au stade localement avancé. Ces dernières années, des résultats très encourageants ont été rapportés avec des vaccins thérapeutiques personnalisés. S’il est un type de cancer où une approche standardisée pourrait être pertinente en termes de vaccination thérapeutique, il s’agit bien des cancers induits par le HPV. En effet, de nombreux vaccins thérapeutiques contre ce virus ont été développés. Sans surprise, leur utilisation en situation de récidive a été décevante, mais il est probable que ces vaccins soient plus efficaces au moment de la prise en charge initiale, à l’instar des vaccins thérapeutiques personnalisés.
Le développement des traitements du cancer a longtemps été fondé sur la localisation tumorale… du moins jusqu’à ce que l’on découvre que certaines altérations moléculaires étaient présentes dans de nombreux cancers, et que leur ciblage semblait efficace indépendamment du type de cancer. Aujourd’hui, neuf médicaments ont été approuvés par la Food and Drug Administration (FDA), indépendamment du type de cancer. Il semblerait tout à fait judicieux de développer les vaccins thérapeutiques anti-HPV sur ce modèle chez des patients atteints de cancers induits par le HPV au stade localement avancé. En effet, les cancers induits par le HPV représentent une entité suffisamment homogène d’un point de vue biologique pour que des traitements aussi spécifiques que ces vaccins anti-HPV soient efficaces indépendamment de la localisation tumorale. Si leur efficacité est prouvée, le taux de guérison de près de 5 % de ces cancers sera largement amélioré.
J’espère donc que vous apprécierez les remarquables articles rédigés par des experts du domaine, portant sur les maladies induites par le HPV, la biologie des cancers induits par le HPV, le détail de la prise en charge et des perspectives de certains de ces cancers, et enfin l’intérêt de l’ADN tumoral circulant du HPV à visée pronostique et prédictive.