L'objectif fixé par l’ONUSIDA de mettre fin à l’épidémie du VIH en 2030 arrive vite, trop vite… Dans une publication récente, des chercheurs au Royaume-Uni montraient qu’il serait improbable d’atteindre moins de 50 infections par le VIH par an d’ici 2030 chez les HSH [1].
Dans le même ordre d’idées, les données épidémiologiques publiées par Santé publique France sur le territoire français ne croissent pas dans le bon sens [2]. Alors qu’une baisse des nouveaux cas diagnostiqués était observée depuis plus de 10 ans chez les HSH nés en France, ce n’était plus le cas en 2023. Mais c’est chez les HSH et les femmes hétérosexuelles nés à l’étranger que le nombre de découvertes de séropositivité est le plus élevé. Par ailleurs, la part des diagnostics réalisés à un stade tardif est malheureusement toujours aussi élevée, avec 43 % de découvertes au stade sida et/ou moins de 350 CD4/mm3. Tout cela dans le contexte actuel d’une politique de santé et de soutiens aux organismes de recherche revus à la baisse, voire complètement supprimés par Donald Trump, autant de facteurs qui font que malheureusement le poids porté par la discrimination, la transmission et les complications du VIH continueront d’altérer le pronostic de cette maladie.
Pourtant, ces dernières années ont été marquées par des progrès considérables. Sur le plan de la prévention, l’arrivée des molécules injectables ouvre la perspective de renforcer l’efficacité des schémas de PrEP, en offrant aux patients pour lesquels la PrEP orale n’est pas possible une alternative thérapeutique. À terme, les schémas d’administration (1 à 6 mois) et l’efficacité proche de 100 %, à la fois chez les femmes hétérosexuelles et les HSH, font que ce mode d’administration pourrait permettre de réduire le nombre de contaminations. Tout l’enjeu sera de pouvoir toucher largement les populations à risque, et c’est en ce sens que les dernières recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) soulignent l’importance d’élargir les indications de la PrEP aux femmes hétérosexuelles (en particulier originaires d’Afrique subsaharienne) et d’en simplifier le circuit.
Sur le plan des traitements, ces dernières années ont été marquées par l’avènement des TAR injectables à longue durée d’action, avec des perspectives à moyen terme de traitement hebdomadaire. Celles-ci devraient permettre d’élargir le panel de traitements, en particulier pour les patients chez lesquels les traitements au quotidien représentent une charge mentale trop importante, sont incompatibles avec leur représentation de la maladie ou génèrent des effets indésirables.
L’allègement thérapeutique est aussi l’une des voies de recherche pour lesquelles les données se sont accumulées. Les perspectives futures de bithérapie à longue demi-vie devraient permettre à un grand nombre de patients d’en bénéficier. Sur le plan virologique, l’article de C. Soulié et A.G. Marcelin que vous retrouverez dans ce numéro fait le point sur les dernières données.
Concernant la résistance, l’arrivée future de nouvelles anti-intégrases devrait permettre de dépasser la problématique de l’émergence de la résistance aux molécules actuelles.
Globalement, tous les éléments existent pour améliorer la prise en charge et diminuer les complications de l’infection ; or il semble malheureusement que le contexte politique soit beaucoup moins favorable.